liminaire
Pierre A. Collet
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Après des mois et des années de discussion, de tergiversation et donc aussi d’inaction, on ne sera pas surpris que la rue se mette à parler, et même à crier. Le temps des analyses de « la crise » n’est sans doute pas dépassé, mais celui de l’indignation et de la révolte semble venu.
C'est dans ce contexte que tous autant que nous sommes, à nos proches et à nos amis, nous allons souhaiter ces jours-ci un « Joyeux Noël » et formuler nos « meilleurs vœux pour l’année nouvelle »… Le ferons-nous en tentant de ne pas trop penser aux catastrophes naturelles, sociales, et parfois aussi individuelles qui nous submergent ? Au mieux en y restant attentifs mais en se promettant qu’avec une vraie bonne volonté commune l’avenir sera plus chantant que le passé ? Un peu de tout ça, sans doute. Avec un peu de « foi » quand même… Celle qui s’accroche à un Dieu qui n’a d’autre nom – est-ce assez de dire le « nom » ? – que celui de l’homme, du pauvre, du réfugié, de la victime… Celle qui nous rendra complices de tous ceux qui luttent contre l’argent tout-puissant, contre le dogme de la croissance, contre la destruction de la nature, contre l’ordre injuste… Celle qui nous pousse à agir et à désobéir !
L’appel à la désobéissance lancé le 19 juin par des curés autrichiens continue à faire pas mal de vagues dans certains milieux : en France dans les groupes Jonas Alsace et chez des prêtres de Rouen, et en Irlande par exemple. Un manifeste de nos voisins flamands a déjà recueilli plus de 8000 signatures et reste ouvert jusqu’au 23 décembre. Mais rien ne s’est encore passé dans la partie francophone du pays, même si le courant de sympathie est bien présent. Le groupe Hors-les-Murs a signé le soutien de la Fédération Européenne des Prêtres Mariés : on y insiste sur la nécessité de repenser la politique des « unités pastorales » qui n’envisage l’avenir que de manière strictement administrative sans tenir compte des désirs et des besoins bien concrets des communautés locales. Les derniers des Mohicans vont-ils mourir en silence ?, se demande Gérard Bessière… Non, lui répond Paul Tihon, et plus que jamais sans doute, il est opportun de transgresser !
La peur serait sans doute la pire des motivations. Ou ses avatars qui se cachent souvent derrière la prudence, la précaution, la timidité, la sécurité... Les temps ont bien changé depuis le "N'ayez pas peur!" de JP II... Le dernier livre du vaticaniste italien Marco Politi est significatif à cet égard : c'est la peur de la réalité, celle du monde et celle de l'avenir, qui paralyse littéralement Joseph Ratzinger. Annonce de la fin d'un système? On peut l'espérer, mais à condition d'y mettre la main et de prendre les responsabilités que nous réclamons...
Joyeux Noël à tous et à toutes.
Pierre A. Collet (Réseau PAVÉS)