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Les jeunes ont des choses à nous dire…

à la réunion de relance des Communautés de Base de Liège

Yves Vanderbempden
Publié dans CEM n°93 (12/2011)

Un air d’été indien à l’ombre de la statue de Cockerill à Seraing, regards et échanges croisés entre des membres des communautés de la région liégeoise et trois jeunes soucieux de partager une réflexion…

Les jeunes s’investissent : que font-ils ? Comment analysent-ils la société aujourd’hui… ? Qu’est-ce qui les anime et les fait vibrer ?

Sara, 22 ans, étudiante, assistante en psychologie, parle de son engagement avec la Joc : « nous utilisons la méthode voir-juger-agir et nous menons des actions sur nos réalités de vie, ce qui nous indigne, la précarité dans le logement, l’emploi (…). Nous essayons d’intégrer de nouveaux jeunes, de les impliquer… Ils commencent à militer sans s’en rendre compte… » Satisfaite « de voir des engagements qui naissent et puis le fait d’être dans un mouvement international… »

Maxime, 22 ans, étudiant,  prof d’histoire et géographie… « Je ne fais pas grand chose mais je fais partie d’une communauté de jeunes, le Chemin Néo-Catéchuménal, mouvement né en Espagne dans les bidonvilles.  Nous célébrons l’eucharistie et la parole, … Nous prions différemment avec tambour, guitare et nous communions avec le pain, … À Pâques, nous devons aller dans la rue pour contacter des jeunes… »

Nicolas, 28 ans, ergothérapeute en santé mentale, a une vision d’avenir basé sur le bien-être et insiste sur le lien entre santé et environnement : « être positif  dans notre manière de vivre (…) Il faut profiter du confort sans vouloir toujours plus au niveau matériel. Nous agissons trop souvent de manière destructive par rapport à l’environnement. » Il prend du plaisir à rencontrer des gens, intéressé par les questions d’actualité et de société en général. Il se préoccupe de la place des gens en santé mentale : la psychiatrie reste souvent dans le système hospitalier… L’hôpital ne répond pas au confort, le patient n’est pas protégé. « Il est dans un système superficiel ». Il plaide plus pour le maintien à domicile et « pour être bien construit psychologiquement, il faut une enfance avec affection, sécurité, amour.. » [...]

Qu’est-ce qui motive leurs engagements ?

Sara se sent un peu conditionnée par ceux de sa marraine et de son parrain mais avec son droit personnel à la parole et au jugement… « Je me suis sentie à ma place, investie d’une mission… » Maxime par l’invitation de sa copine car au départ « ma foi est floue, et puis par la catéchèse… mais c’est Dieu qui me pousse à le rencontrer (…) ». Il y a d’abord une période d’initiation à connaître la Bonne Nouvelle. S’engager c’est redécouvrir son baptême… Mettre Dieu dans sa vie… avant son travail (…) Chez nous il n’y a pas de mobilisation concrète mais nous avons participé à la rénovation d’une école. » Quant à  Nicolas, il a eu la chance d’avoir des parents qui avaient la fibre sociale et « j’ai participé plus jeune à 11.11.11., à la journée des Lépreux. Après mes études secondaires, j’ai eu envie de contacts et d’un métier social d’où ma formation d’ergothérapeute ». Il aime se mobiliser dans l’associatif et participe de temps à autre, à des réunions d’Ecolo.

Rapide coup d’œil sur l’actualité : le jet de pavés de certains jeunes sur les bus. Entre émotions et réflexions posées. « Nous ne comprenons pas bien : faut-il plus d’éducation à l’école, plus de sécurité ? » Il y a le problème des inégalités, de la psychiatrie, de l’injustice, des manques affectifs… « Quels sont les remèdes ? Sans excuser, Il y a certainement une envie d’exister pour des jeunes sans repère… »

Entre la soupe, la pomme (manquait la poire) et le fromage, les trois jeunes et la vingtaine d’adultes échangeaient en carrefour. Quelques enseignements à retenir :

[...] Quel sens à l’engagement ? « Il y a ce besoin d’épanouissement, le concret pour certains, le spirituel pour d’autres, il y a des jeunes qui ne s’investissent pas. Il faut susciter l’envie. Prendre des responsabilités, c’est pas facile. Aujourd’hui, les actions, ce sont notamment les indignés, une mobilisation en temps de crise mais aussi en Tunisie, Espagne, Grèce où beaucoup de jeunes ont participé…mais il y a aussi un rejet du politique (…)  » Qu’est-ce qui motive des projets chez les jeunes ? « Si on présente un sigle, une étiquette, c’est pas facile. Tout le monde n’a pas la même sensibilité… Permettre d’avoir un espace pour lancer un projet, une réflexion, des échanges, c’est important. Ce qui marque les adultes présents : l’influence de la famille, de l’entourage, l’enfance, c’est aussi un apprentissage à respecter les autres.

La spiritualité les intéresse-t-elle ? Pour Nicolas, tout évolue… mais la foi ne fait pas partie de ses projets… « Mes valeurs, c’est le plus important et cela n’est pas propre aux (à une) religions (…). Il n’est pas d’accord avec l’église catholique. « Ma spiritualité est floue… Je crois en moi, mes valeurs… »

Pour Sara et son groupe de jocistes : chacun a sa spiritualité « la religion est aussi une cause de conflit… Les jeunes croient en quelque chose : le respect, l’entraide, la morale au sens commun… Le C ? Faut pas l’enlever car c’est une histoire,  un acquis, …Maxime insiste sur une relation avec Dieu, en communauté.

Albert, en « vieux » sage, rappelle que le spirituel, c’est aussi tout ce qui est esprit au-delà du religieux, … l’humanisme au travers aussi d’une poésie, d’une action sociale… La religion peut entourer des valeurs avec certaines dérives possibles. Les chemins sont différents, l’important c’est d’avoir des valeurs transcendantales.

Dans le témoignage des jeunes, il faut retenir : trois engagements très différents : militant dans le travail (en contact avec des gens) et les temps libres (éduquer les jeunes) ou spirituel, réfléchi et individuel dans la religion. Il n’y a pas d’affirmation d’une jeunesse. Il y a une évolution post-moderne, différente de mai 68. Avec plus de recul mais plus observateur « les jeunes bougent à leur façon ». Ils ont aussi un parcours plus individuel plus réfléchi et/ou spirituel¸ font des choses mais ne sont pas très revendicatifs. Sara s’identifie beaucoup à la Joc : qu’est-ce qui la fait « vibrer » en dehors du mouvement. Il y a une prise sur le quotidien et le quartier, l’importance d’un mouvement, le regard positif de Nicolas sur l’environnement, la santé et l’Avenir... Bel optimisme…

Cette journée de relance des communautés voulait donner des pistes, des questions, des défis… pour « rebondir » dans les groupes : cette envie de bien-être : l’environnement en lien avec la création, la nécessité de mettre plus l‘accent sur le positif (une communauté en Wallonie fait régulièrement un Journal des Bonnes Nouvelles…) Il y a des lueurs…, cette attention aux problèmes de société au delà trop souvent de nos petits problèmes personnels… Question lancinante sur la cohérence « nos réunions aboutissent-elles à des changements d’attitude dans les projets…. » mais il faut faire confiance… même si les jeunes ne nous reconnaissent pas dans les communautés de base. Celles-ci ont semé une petite graine. Chacun développe une spiritualité, de l’aide sociale, un métier humain…

Et finalement « y a-t-il des possibilités de faire des choses ensemble ? Les jeunes n’ont pas toujours conscience de leurs possibilités. Tous les jeunes ne s’engagent pas… Avant c’était plus facile de s’impliquer… Si les jeunes nous invitaient à leurs activités, leurs soirées : irions-nous ? Il faut créer des liens avec les jeunes. Concrètement, il est possible de faire des pas ensemble lors d’(autres) échanges, de rencontres.  Exemples : approfondir le thème santé et environnement, les réalités : justice sociale, emploi, bien-être… Il faut aussi laisser tomber les préjugés, se (re)voir¸ soutenir plus les actions des jeunes… »


Yves Vanderbempden (Communautés de Base)


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