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La lettre de H.L.M. (décembre 2011)

Pierre Collet
Publié dans HLM n°126 (12/2011)

L’appel à la désobéissance de quelque 400 curés autrichiens continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive, à faire des émules ici et là, et relance le débat sur un sujet important.

Le phénomène est sans doute plus significatif qu’il ne paraît d’emblée : il n’est pas arrivé si souvent que des prêtres s’organisent de manière explicite et médiatique pour dire, redire et confirmer leur volonté de désobéir. Enfin ! diront certains… Car nous en connaissons beaucoup qui désobéissaient déjà depuis longtemps sur certains points de ces revendications. Ce qui est neuf, c’est qu’ils se soient mis à le dire, à l’écrire, à revendiquer ce droit à la désobéissance dans une institution où cela ne va pas soi… Quelle sera l’issue de cette ‘révolte des prêtres’ ? C’est un véritable bras de fer qui semble engagé avec leurs patrons d’évêques, qui leur reprochent généralement la manière dont les choses se passent plus encore que certains contenus, plusieurs se retranchant derrière un slogan facile : « Des réformes oui, on le veut aussi, mais pas une révolution… »

Un souvenir m’habite depuis ces quelques mois où je suis à la trace les péripéties des prêtres autrichiens et des groupes divers qui leur apportent leur soutien, l’un après l’autre, c’est celui du livre que Jean Kamp publiait en 2000 et qui s’intitulait justement Ce grand silence des prêtres… Il tentait d’y montrer pourquoi beaucoup de prêtres, ministres de la Parole par mission et même par vocation, en étaient venus à se taire. Essentiellement, disait-il, à cause d’une Église sourde aux questions contemporaines, mais prolixe en réponses d’un tout autre âge, celui du concile de Trente… Mais parmi ces prêtres qui ont joué leur vie sur le renouveau de Vatican II, qui ont pris de l’âge et dont la capacité de résistance s’est usée devant la suffisance de l’appareil, ou que la lassitude a gagnés, combien sont prêts à se réveiller une fois encore pour clamer leur espérance ?

Une deuxième chose que je voudrais partager est une lettre reçue le 9 novembre d’une amie de Vienne et qui dit la réalité bien mieux que tant de discours…

« Comme je t’avais dit, le meeting annuel des communautés de base cette année n’était pas une conférence d’un théologien, mais nous sommes allés à la campagne rencontrer un prêtre qui a 5 paroisses pour 13 villages et églises, pour voir comment ils se débrouillent. Il y a aussi un vicaire qui change tout le temps (indien ou polonais), un vieux diacre et deux excellentes assistantes paroissiales. Le prêtre, âgé de 42 ans, était très sympa, énergique, ouvert. Il fait 300 km par mois entre ses églises. Tout à fait bonne impression [...]. Trois jours après on l‘a trouvé mort dans son lit. J‘ai eu un contact avec une des assistantes pastorales, et toutes les deux étaient en rage et tristes parce que la hiérarchie ne les avait même pas contactées pour les funérailles. Le soir avant les funérailles, elles ont fait dans les cinq églises ce qu’elles ont appelé un ‘pont de prière’. J’y suis allée avec mon mari, c’était vraiment touchant, ensuite nous avons fait un tour de ces villages et dans une petite église il y avait encore quelques personnes. Une vielle dame m’a dit qu’elle avait écrit une lettre qu’elle allait donner au cardinal Schönborn pour qu’il la porte à Rome pour dire comment ils tuent leurs prêtres. Une autre a dit : s’il était marié, tout ça ne serait pas arrivé parce qu’il aurait mené une vie plus saine... »

Je n’ai évidemment pas l’intention de tomber ni de vous entraîner dans le mélo. Mais le prêtre en question faisait partie des 400, et leur revendication de fond, au-delà du contenu de leurs sept propositions, est constante depuis cinq ans : plutôt que de partir d’une gestion d’en haut, avec des prêtres à envoyer ici et là, il faut partir des gens bien concrets et de leurs besoins, il faut sauvegarder et revivifier la paroisse locale – et non les unités pastorales – quitte à repenser totalement la gestion de ces lieux de vie et de célébration et à la confier aux gens qui les composent. N’est-ce pas ce que disaient aussi quelques dominicains hollandais en 2007 ?

Tout autre chose. Sur la suggestion de la Fédération Européenne des Prêtres Mariés, Hors-les-Murs est en train de mettre sur pied une cellule d’écoute et d’accompagnement de compagnes de prêtres. Plusieurs d’entre nous ont toujours assuré cet accueil, mais des groupes d’autres pays nous disent que cette demande est plus présente que jamais, et que notre offre devrait être plus visible et constante. Allez voir par exemple le site web de Plein Jour chez nos amies françaises http://plein-jour.eu. Vos avis et vos propositions sont les bienvenus pour que naisse dans les premiers mois de 2012 une sorte de Plein-Jour-Belgique.



Pierre Collet (Hors-les-murs)


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