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Bel hommage à Camille Focant

Jacques Briard
Publié dans SONALUX n°79 (1/2012)

Le 30 septembre dernier, un bel hommage a été rendu, à l'occasion de son accession à l'éméritat, à l'abbé Camille Focant, ce prêtre du diocèse de Namur, qui fut professeur, doyen de la Faculté de Théologie et vice-recteur de l'Université Catholique de Louvain.

A défaut de pouvoir faire écho ici à tous les discours prononcés à l'occasion de la fin de carrière académique de l'abbé Camille Focant, disons qu'ils furent accompagnés de divers signes rejoignant ce que ce théologien et exégète de l'évangile de Marc a toujours cherché : « Que le lecteur comprenne! ».

En effet, c'est en présence du nonce apostolique et de Mgr Pierre Warin, évêque auxiliaire de Namur que ces éloges ont été présentés. Y contribuèrent le recteur Bruno Delvaux, agronome s'aventurant dans le monde de la théologie, et trois remarquables professeurs et exégètes : l'abbé André Wenin, prêtre du diocèse de Namur, doyen de la Faculté de Théologie de l'UCL, « que tant de monde nous envie» , comme aima à le dire le regretté Mgr Musty; Marc Vervenne, recteur de la Katholieke Universiteit Leuven, et Daniel Marguerat, ancien professeur de l'Université de Lausanne et intervenant lors d'un des week-ends de la Formation Continuée des Acteurs Pastoraux du diocèse de Namur (FoCAP), dont, soit dit en passant, il avait beaucoup apprécié le travail.

Un exégète de « marque »

Un autre signe était évidemment la date de l'événement, puisqu'elle était celle de la Saint Jérôme, pasteur des exégètes, et que, comme le montrèrent les différents orateurs, Camille Focant est connu comme un exégète de « marque» et un des meilleurs spécialistes de l'évangile de Marc. C'est, en effet, à celui-ci que l'aîné d'une famille de trois enfants de Lavaux-SainteAnne - dont l'institutrice maternelle éprouva quelques peines à inculquer des premières prières! - consacra son mémoire de licence et sa thèse de doctorat en théologie.

Après sa longue formation à Leuven, Camille Focant fut nommé professeur au Grand Séminaire de Namur. Avec ses collègues, il y fonda, en 1982, l'école théologique Le Sénevé où se formèrent ensemble séminaristes et laïcs, dont l'équipe des professeurs accompagna les travaux de l'Assemblée diocésaine tenue à Nassogne en 1985. Le tout pour le service de l'Evangile. Aussi, assista-t-il en 1991 la rage au cœur et dans une passivité forcée, mais combien partagée, à la suppression de cette école décidée par Mgr Léonard dès sa nomination comme évêque de Namur. Mais comme il l'a lui-même relevé dans ses remerciements aux hommages qui lui furent rendus, Camille Focant avait - heureusement pour lui et bien d'autres - assumé, dès 1980, quelques suppléances de cours à la Faculté de Théologie de l'UCL. Il y était devenu chargé de cours à mi-temps en 1986 et à temps plein en 1989, avant d'en être professeur et doyen. Et tout en exerçant cette dernière fonction durant 10 années, il écrira deux livres sur l'évangile de Marc et dirigera une dizaine d'ouvrages collectifs. S'ajouteront encore une cinquantaine d'articles scientifiques, la direction à partir de 2007 de la «Revue Théologique de Louvain» et l'élection comme membre de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique en 2009.

Un remarquable doyen

Pour en avoir été un témoin privilégié, l'ahbé Wenin a souligné combien la charge de doyen de la Faculté de Théologie de l'UCL avait ouvert à Camille Focant un espace où il a pu donner toute la mesure de sa capacité d'initiative et de la créativité dont il avait déjà fait preuve à Namur en fondant le Sénevé : « Véritable incubateur d'idées neuves, de concepts inédits destinés à dynamiser la faculté, à soutenir et orienter sa recherche, il n'a pas son pareil pour flairer les nécessités que les évolutions sociales vont imposer, pour saisir les opportunités, pour susciter des collaborateurs avec qui il élabore les projets tout en valorisant leurs potentialités. Il sait aussi qu'aller de l'avant, c'est consentir à des morts, et il n'hésitera pas - parfois sans état d'âme - à tailler ou à laisser s'étioler des branches qu'il considérait sans sève, de manière à pouvoir réorienter les énergies vers d'autres projets plus porteurs et plus utiles. »

C'est ainsi qu'il a contribué à la création de la Fondation Sedes Sapientiae appuyant de jeunes chercheurs poussant leur formation jusqu'au doctorat, alors que la Faculté ne pourra plus compter comme par le passé sur un nombre significatif de prêtres parmi ses enseignants. Il y a aussi eu la mise sur pied d'un diplôme d'études complémentaires de 2e cycle en sciences des religions permettant à des licenciés de se sensibiliser aux questions concernant la place des religions dans la société et la création de la Chaire en droit des religions qui porte déjà beaucoup de fruits dans le secteur de la recherche et du service à la société, mais aussi dans l'organisation du Master interfacultaire en Sciences des religions.

A cela, on ajoutera combien la collaboration de Camille Focant avait été visiblement très appréciée par le professeur Marc Vervenne, qui fut doyen de la Faculté de Théologie et recteur de la KUL. On notera aussi que Camille Focant a vu que la qualité du doctorat en théologie supposait le développement de partenariats au niveau européen. Aussi imagina-t-il récemment le réseau THEODOC réunissant les écoles doctorales de huit facultés francophones de théologie d'Europe pour favoriser la synergie des compétences et offrir un cadre optimal à quelque 600 doctorants. Mais il avait, dès 2000, été de ceux qui portèrent sur les fonds baptismaux le réseau de recherche en analyse narrative de la Bible, dont une des finalités est d'encadrer des doctorants dans neuf universités francophones de l'hémisphère Nord.


Jacques Briard


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