Un Noël avec les moines de Tibhirine
Ren Dardenne
Publié dans SONALUX n°79 (1/2012)
Le film « Des hommes et des dieux » a été l'occasion pour un groupe de femmes de l'ACRF de s'interroger et d'échanger sur le sens que la fête de Noël pouvait avoir pour elles aujourd'hui.
Beaucoup sont allés voir le film « Des hommes et des dieux» du cinéaste Xavier Beauvois et de son « sherpa» Henri Quinson, un moine cistercien qu'il a choisi comme conseiller spirituel et théologique.
Un groupe d'une quarantaine de membres de l'ACRF (Action Chrétienne Rurale des Femmes) de la région namuroise avait choisi un temps de réflexion sur Noël à partir de ce film.
Pourquoi?
Parce que c'est dans l'abbaye que les moines ont été attaqués le soir du 24 décembre 1993 par un groupe algérien islamiste venu les menacer de mort et qui, 2 ans plus tard, est revenu les assassiner.
Entre ces 2 dates leur prieur leur a posé la question : « Partir ou Rester» en les invitant chacun à donner leur réponse.
A la lumière des 4 Evangiles, notre groupe s'est posé des questions d'abord sur le premier Noël d'il y a 2000 ans, ce Noël qui a vu Hérode faire assassiner des enfants. Ensuite, c'est en passant par le « martyre» des 7 moines en 1996 que le groupe a cherché des liens entre ces 2 Noël et le Noël de chrétiennes en 2011.
Nous connaissions la réponse des moines de vouloir rester par fidélité au petit peuple du Moyen Atlas algérien, reconnaissant qu'en choisissant librement la vocation monastique, ils avaient déjà fait le DON de leurs vies pour leurs frères et pour leur Dieu.
Ils n'avaient pas cherché le martyr mais ils ont médité les paroles de Jésus : « Il n y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » et « Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne ».
Dans un environnement qui semble oublier son message, chacun, chacune a été invité à reprendre la question : « Pour moi, que signifie aujourd'hui, vivre en chrétienne la fête de Noël en écho aux bergers marchant vers une étable, guidés par la voix d'un ange chantant : « Je viens vous annoncer une grande joie qui est pour tout le peuple. Aujourd'hui vous est né un sauveur.
Vous le reconnaîtrez : un nouveau-né couché dans une mangeoire ». Cela s'est passé à Bethléem, appelée « la maison du pain ».
Quel est pour nous, ce pain qui, partagé, vient donner la vie au monde?
A Cannes, lors de la remise du prix du jury, Xavier Beauvois, lui-même agnostique, expliqua : j'ai voulu montrer le Mystère de l'Incarnation... pascale! Il ajouta : « ce film fera briller la lumière des frères-moines dans le monde entier comme des étoiles dans le ciel ».
En effet, à ce jour plus d'un million et demi de spectateurs l'ont vu à travers 50 pays.
