liminaire
Pierre A. Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
L’effervescence médiatique est enfin retombée, et le nouveau pape François va pouvoir se mettre au travail… C’est du moins ce que tout le monde espère, ou presque. De très nombreux articles et messages ont été échangés à l’occasion de cette élection, et si l’on veut bien y réfléchir à tête reposée, voire en relire quelques-uns, ce n’était pas forcément une étape inutile. Retour sur ces deux dernières semaines.
Son passé
Les textes que nous avons choisi de mettre en ligne ne privilégiaient pas la polémique concernant l’attitude du Père Bergoglio pendant la dictature militaire, même si tout le monde espère toujours "savoir"... Nos amis argentins sont assez unanimes pour le "blanchir", comme Adolfo Perez Esquivel et Clelia Luro. Une bonne synthèse là-dessus est sans doute celle d’Armand Veilleux, le Père abbé de Chimay. N'empêche : "la" vérité, "une" vérité devra bien être faite. Mais est-ce l'essentiel...?
La nouveauté du présent
Son refus de certaines apparences, son humilité et sa simplicité, sa décontraction, le choix de son nom, l’appel à la priorité des pauvres… Le pape a donné bien des signes positifs de changement, dans ses paroles et dans ses gestes, et ils ont été soulignés par tous. Il faudrait maintenant que les actes suivent. Mais "le présent", la circonstance, le "kairos", c’est surtout l’occasion de se réveiller et de s’exprimer. Nous avons aimé les deux analyses "autres" d’Ivone Gebara, insistant sur les fonctionnements de pouvoir de la papauté – un peu dans la ligne de ce que Comblin avait fait – bien plus que sur les personnalités papales qui ne font qu’endosser un rôle qui a bien du mal à évoluer. L’une sur l’Esprit-Saint, l’autre sur le "secret". Rappelons aussi en Espagne l’appel de J.M. Castillo et en Italie celui de G. Franzoni : "le problème, ce n’est pas le pape, c’est la papauté !" Dans la même ligne, "Une Eglise sans pape est-elle possible ?", se demandait aussi notre ami Eduardo Hoornaert… (certains points historiques sont plus développés sur son blog)
Notre avenir…
Des représentants de IMWAC ont fait le siège de Rome dès avant le Conclave et jusqu’après l’élection de Bergoglio. Ils ont raconté leur séjour sur le site du mouvement et c’est dans une belle collaboration mondiale que le réseau a publié une nouvelle fois ses attentes. Le journal La Croix a publié un remarquable panorama des 10 grands chantiers ouverts ou qui devraient l’être. Et des voix de partout ne cessent d’exprimer les attentes de nos contemporains : une mobilisation significative. Parmi tant d’autres, Frei Betto au Brésil, et Leonardo Boff qui ne cesse de répéter : "ce n’est pas le François du passé qui m’intéresse, c’est celui du futur" : et il parie sur le changement.
Peut-on être plus explicite...? L’appel à une "synodalité" généralisée - pourquoi ne disent-ils pas "participation"… ? - , c’est la priorité des groupes de base en Italie. Comment ? D’après nos amis espagnols : "Bergoglio semble prêt à rompre l’équilibre du pouvoir au sein des groupes du Vatican. Quelque chose qui génère des troubles énormes au sein des mouvements très conservateurs comme l'Opus Dei, les Légionnaires du Christ, Communion et Libération …" Utopie? Une belle phrase de Christine Pedotti pour terminer : "Il serait dommage de préférer noircir le tableau et l’homme de peur d’être déçu. Laissons-nous aller à l’espérance lucide. Il est le pape que nous n’attendions pas. Il ne sera peut-être pas le pape que nous craignons qu’il soit." Donc, please wait and see…
Pierre A. Collet (Réseau PAVÉS)