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L'homme de cromagnon

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Philippe Liesse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°47 (6/2016)

L'homme de cro
l'homme de ma
l'homme de gnon
l'homme de cromagnon...

« Ce n’est pas du bidon », disait le chant de nos feux de camps. C’est vrai que l’homme de Cromagnon peut nous en apprendre des choses sur notre avenir, tant il est comme un miroir qui nous renvoie à nos comportements et à nos réactions instinctives, pavloviennes !

Quand notre ancêtre le cromagnon était confronté au changement, à la nouveauté, à l’élément « étranger », il y voyait d’abord l’étrange. Et un étrange forcément suspect et dangereux. Il fallait donc qu’il rentre d’urgence chez lui, dans sa grotte, en prenant bien soin de boucher toute faille par laquelle le danger pourrait s’immiscer ! Toujours sur la défensive, il cherchait à protéger les siens, son milieu de vie, son chez lui. Le protectionnisme, le clanisme, le nationalisme ! Des choix de vie dictés par un « vivre aux aguets », chez soi, dans la sécurité vis-à-vis de l’extérieur !

Quand les migrants viennent frapper aux portes de l’Europe, les barrières et autres check points se rétablissent comme par enchantement. Les frontières ne se limitent pas à quelques postes de contrôle, il y a des hommes casqués et bardés d’un attirail de défense, des chiens à la muselière qui en dit long sur leur dressage, des barbelés, des chars de combat ! Un arsenal de guerre ! Non, Cromagnon n’était pas du bidon !

Plus les migrants viennent frapper aux portes, plus les partis nationalistes se renforcent et donnent de la voix. Ainsi l’Autriche a dû se préparer, bon gré mal gré, à l’éventualité du retour des forces brunes. Norbert Höfer était largement en tête du scrutin du premier tour des élections avec 36,4 % de votes exprimés, contre 20,4 % au candidat écologiste Alexandre Van Der Bellen.

Höfer, père de famille courtois et souriant, est l’image type d’une extrême-droite au diapason des attentes d’une société craintive devant un avenir incertain. La crise des migrants, accusée à tort d’être une des causes de l’augmentation du chômage, engendre une xénophobie qui ne cesse de clamer qu’il faut s’armer contre l’insécurité. Dans sa campagne électorale, Höfer a proclamé, à temps et à contretemps, que l’armement personnel était une réaction normale face à la crise des migrants. Quoi de plus simple que de rejeter « l’étranger » quand on se borne à faire un amalgame entre migration, chômage et insécurité ? Non, Cromagnon n’était pas du bidon !

De l’autre côté de la Manche, la situation n’échappe pas non plus à notre miroir Cromagnon. Elle a pour nom « Brexit », une abréviation de « British Exit » qui évoque l’hypothèse d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Ce Brexit fait référence au Grexit de l’été 2015 à l’occasion de la crise grecque. Mais l’écartement de la Grèce de la zone euro aurait été une sanction envers le pays alors que le Brexit évoque un départ volontaire du Royaume-Uni. Pourquoi envisager ce choix ? Mais tout simplement parce que, comme l’imaginait notre Cromagnon, il est tellement plus simple d’être chez soi pour assurer le protectionnisme et la sécurité. Ainsi, en novembre 2015, le gouvernement britannique présentait ses exigences à Donald Tusk, président du Conseil européen : une limitation des aides sociales pour les nouveaux migrants issus de l’UE, le fait que toute politique décidée par les États membres de la zone euro ne soit qu’une option pour les autres États, un allègement de la réglementation européenne sur les entreprises, un renforcement des pouvoirs de contrôle des parlements nationaux.

Heureusement, notre Cromagnon a évolué. Pour assurer sa survie, il a été obligé de sortir et il a fait d’heureuses rencontres. Peut-être celles qui lui proposaient une mise en commun des forces plutôt qu’un affrontement, le partage plutôt que l’appropriation, la découverte de l’autre plutôt que son rejet. Les premiers de cordée n’ont pas manqué dans cette progression. Ainsi un certain Jésus de Nazareth, le briseur de frontières ! Frontières vis-à-vis des étrangers, des femmes, du sacré, du prêt à penser. Ou encore le prophète de l’Islam qui s’écrie « Allah ô akbar » ! « Allah ô akbar pour cette diversité, ces cultures, ces croyances, ces gens avec lesquels on discute, on échange et on accepte qu’en fin de compte, chacun détient sa vérité, dans un esprit de fraternité. »[1]

Nous voulons mettre nos pas dans les pas de ces leaders pour nous engager dans ce défi à la compréhension de notre monde d’aujourd’hui. Un fameux « challenge » quand les diverses questions tournent autour du terrorisme, de l’accueil des migrants, de Dieu, d’Allah, des cours de religion, de la dignité humaine jusque et dans la mort.

Avec CEM, HLM, et tous ceux qui veulent ouvrir les yeux sur le monde, nous vous souhaitons de vous encorder dans la fraternité, celle qui n’est soumise à aucune condition de marketing.

Bel été à chacune et chacun !                                              

Philippe Liesse

Notes :

[1] El Bachiri Mohamed dans La Libre Belgique du 20 mai 2016.





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