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Les 25 ans de HLM

Charles Chalant
Publié dans HLM n°100 (6/2005)

Une densité de silence, une qualité d’écoute presque palpables, c’est cela qui aurait frappé celui qui serait entré en cours de journée dans la salle où se tenait, ce 8 mai, l’Assemblée Générale de HLM. Une cinquantaine de participants, de vieux habitués et des membres plus récents, fêtaient ce jour-là les vingt-cinq ans d’HLM.

Fêter est le mot qui convient. Le 10e anniversaire avait connu les grands déploiements de Floreffe, le 20e le spectacle percutant offert par la troupe Mosaïc. Ce 8 mai 2005, c’est plus en intériorité, en réflexion en profondeur, en témoignages chaleureux et engagés, qu’on a choisi de marquer l’étape.

Avec les courageux lève-tôt de 9h30 à 10h30 s’étaient réglés les actes administratifs annuels, rituels mais nécessaires dans une ASBL. Rapport moral, rapport financier, bilan des activités, rencontres, contacts, production du bulletin, et autres des douze derniers mois.

Après le petit café, tout aussi rituel, le reste de la matinée fut consacré à un regard sur 25 ans – un quart de siècle ! Et c’est ici qu’on peut dire qu’on a fêté quelque chose. Il y avait dans les récits de divers aspects de l’histoire d’HLM une allégresse intériorisée, un sentiment de plénitude devant tout ce qui fut au fil des ans l’action, la vie d’HLM. Action engagée, tenace, résolument positive au travers d’un quotidien qui connu des réussites, des entreprises laborieuses, des efforts inaboutis. En face d’un silence comme momifié d’une Institution ecclésiale connaissant, en tout cas chez nous, chrétiens occidentaux, un processus de dégradation dont l’ampleur étonne même HLM… HLM qui, dès les années 80, portait sur cette institution un regard critique mais néanmoins longtemps chargé d’espoir.

Venons-en au déroulement concret. Jean-Marie Culot avec un esprit de synthèse pas commun, sans se départir d’un humour pétillant, parvint à retrouver à travers 99 numéros du bulletin d’HLM, lignes de force structurantes, thèmes essentiels ou occasionnels. Citons arbitrairement : fidélité et rupture, la foi de Corinthe et la non-foi nourrie parfois de la réflexion en HLM. Et l’Église : interpellation sur le fait de la "clandestinité" marquant la vie affective de nombreux prêtres, attente d’un renouvellement des ministères, présentation d’un cahier de revendications, et plus fondamentalement renouveau possible ou hémorragie et fin d’une civilisation... 99 numéros, cela fait un florilège éblouissant d’avis de lecteurs, de témoignages, de synthèses éclairantes d’un de Locht, d’un Morin, d’un Feillet, d’un Vannesse, confidences sur un passé, une vocation, l’éducation des enfants, sur "l’essentiel" d’Émile et Héloïse.

Autres synthèses plus ciblées, tout aussi denses, de Pierre Collet sur l’imbrication-contestation de HLM dans la Fédération Internationale des Prêtres Mariés. La Fédération, qui s’est bâtie transcontinentale, est traversée – pourrait-il en être autrement à cette échelle ? – de courants soit conservateurs (réintégrer des ministères traditionnels) soit progressistes (un renouvellement en profondeur des structures, des options, à propos de la sexualité par exemple, voire de sa doctrine). HLM, avec le MOCEOP espagnol, se veut moteur vers ces objectifs d’avenir.

Marie Muraille nous dit comment par une maturation heureusement inévitable HLM, où traînaient des relents de cléricalisme, en est venu à ressembler à la vraie société, lieu de partenariat hommes-femmes pleinement réalisé.

Jean-Pierre Laurent nous dresse un bilan plus global, envisagé plutôt du point de vue du "conseil", où il est question de réunions, d’amitié, de rêves, de  difficultés à décider en même temps que de tensions, mais aussi d’écoute, d’aide et, évidemment, d’argent…

Marie-Astrid Collet rend compte des rapports de HLM avec les médias, surtout presse et télé, au total – et c’est dommage – assez insatisfaisants : quand on ne se heurte pas à des processus inaboutis, on évite rarement la superficialité, le sensationnel réducteur (ah ! le mariage des prêtres…) ou l’engluement des débats confus.

Enfin Paul Bourgeois nous montre, derrière les données austères des actions juridiques, toute la vraie réalité vécue que HLM fit passer à travers certains combats : accès aux allocations de chômage obtenu ou garanti, droit à la pension des prêtres sortis, de leurs veuves, procès abouti contre des licenciements, contraires au droit, de certains prêtres mariés…

Il était midi et cette première partie du menu s’était avérée copieuse et savoureuse.

Dans une qualité d’écoute égale à celle du matin, l’après-midi connut deux heures de présentation de témoignages de cinq personnes : réflexions poussées très loin en sincérité, en découverte aussi sur soi-même, à partir d’un vécu de ces 25 dernières années, vécu entremêlé parfois fortement avec celui de HLM.

Le bulletin, dans de prochains numéros, publiera ces témoignages. Nous évoquerons donc ici seulement les lignes de force, les convergences, les regards émus ou critiques sur le passé, les ouvertures rajeunies sur le futur.

Luc Dussenne, Jacques Meurice, Charles Chalant relurent avec lucidité l’itinéraire de leur dialogue intérieur de 25 ans avec leur appartenance à l’Église. L’Église de leur vocation, de leurs premiers engagements, de premières années heureuses, éclairées d’espoir – Vatican II ! – n’a cessé non seulement de décevoir leurs attentes mais plus fondamentalement de se montrer figée, durcie, de plus en plus incapable d’épouser son époque, cessant ainsi d’être un témoin crédible de l’évangile de Jésus-Christ. Les religions, les institutions, fussent-elles millénaires, comme les civilisations, sont mortelles. "Adieu l’Église", disait chacun avec Jacques Meurice…

Marie-Astrid Collet et Geneviève Docquiert firent partager une expérience plus directement personnelle d’HLM. Marie-Astrid souligna comment après les difficultés dures à vivre du fait de son choix d’épouser un prêtre, HLM lui offrit un réseau d’amitiés fraternelles où se partagèrent vacances, soucis des enfants, jusqu’à plus récemment responsabilités dans les actions d’HLM. Quant à Geneviève, elle évoqua avec une simplicité séduisante sa découverte d’HLM. Baby-sitter animatrice des plus jeunes pendant que les parents s’isolaient en réunions graves, elle n’a pas vraiment intégré HLM. Et que son papa ait été prêtre lui paraissait bien convenir à ce qu’elle aimait dans sa personne : son souci de paix et de tolérance autour de lui. Par contre sa foi d’aujourd’hui et son engagement de professeur de religion dans le secondaire lui paraissent appartenir à un cheminement personnel dont HLM n’est pas autre chose que le témoin aujourd’hui en joyeuse et chaleureuse empathie.

Pour le principe obligé dans ce genre de réunions, le débat fut proposé. Mais y avait-il à débattre sur de tels apports d’une sincérité sans ombre, d’une rigueur dans l’exposé qui n’appelait guère de clarification et encore une fois d’une densité humaine qui laissait chacun comblé ?

25 années d’HLM.  Une fête ?  Une fête du cœur, de l’amitié, dans le partage d’un vécu intense : celui d’HLM et celui de chacun des intervenants. Confié audacieusement à ce qu’en feraient ceux qui prendraient la parole, l’anniversaire d’HLM a été digne de ses 25 ans d’âge et de beaucoup d’années d’un avenir mérité.

Charles Chalant (Hors-les-murs)


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