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C'est la rentrée !

Philippe Liesse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°52 (9/2017)


Rentrée politique, rentrée judiciaire, rentrées radiophonique et télévisuelle, rentrée pastorale, mais surtout rentrée scolaire. En un mot, c’est « fini » ! Fin des vacances, fin du dépaysement, fin de cette période "cool" ! Le marketing, lui, n’a pas pris de vacances. Depuis plusieurs semaines, il nous a préparés à la rentrée scolaire en rivalisant d’ingéniosité aux diverses fournitures : cahiers, fardes, cartables, crayons, stylos ! Mais aussi calculettes, tablettes, Smartphones et autres compagnons numériques. Évolution oblige !

À propos de calculette, les parents ne sont pas en reste car il faut compter pour savoir comment en sortir quand le coût de la rentrée est inversement proportionnel à l’allocation attribuée.

La rentrée questionne ! Les enfants, les parents, les enseignants, les responsables politiques, mais aussi "l’École" qui doit, comme à chaque fois, relever quelques défis : le Pacte d’Excellence, le cours de citoyenneté, la réforme des titres, l’encadrement différencié. Pour le Pacte d’Excellence, les premiers décrets sont tombés. Ils visent l’encadrement dans l’enseigne-ment fondamental et le soutien des directions : des profs supplémentaires pour éviter les classes surpeuplées et des éducateurs pour aider les directions dans les tâches administratives. La situation politique permettra-t-elle une réalisation effective des projets ? Wait and see !

Le cours de citoyenneté fait aussi son entrée officielle dans les écoles secondaires de la Communauté française, des provinces et dans certaines écoles du réseau libre non confessionnel. Le CPC, cours de philosophie et de citoyenneté, vient remplacer une des deux heures du cours philo-sophique (religion/morale). Les élèves ont même la possibilité d’être dispensés de la deuxième heure de religion/morale au profit d’une deuxième heure CPC. Ce changement fera encore couler beaucoup d’encre, notamment sur le choix opéré par l’enseignement catholique de ne pas dispenser un cours spécifique CPC, mais d’assurer cet enseignement au travers de différents cours déjà existants.

En septembre 2016, la mise en œuvre du CPC dans l’enseignement primaire a mis au jour les difficultés concrètes de confectionner un horaire pour les professeurs en leur assurant une charge complète. Certains enseignants voyageaient entre dix établissements pour pouvoir exercer un plein emploi !

Que va-t-il se passer dans le secondaire ? La ministre a bien mis quelques bémols sur la partition. D’une part, le professeur de religion ou de morale peut désormais assurer la charge de son cours et du CPC dans une même école, à condition que ce ne soit pas aux mêmes élèves. D’autre part, l’administration ne peut exiger d’un professeur des prestations dans plus de six écoles. Mais s’il n’a pas un horaire complet avec six établissements, comment sera-t-il rémunéré ? Pour les heures effectivement prestées ou pour un horaire complet ? De nouveau, wait and see !

La réforme des titres fait aussi partie du plat de résistance. Plus de souplesse est assurée pour les Pouvoirs Organisateurs quant au recrutement des professeurs et au regroupement de certaines charges. Ce dossier, comme tous les autres, est peut-être pavé de bonnes intentions, mais la situation politique aidant… wait and see !

Au niveau de l’encadrement différencié, la réforme va au-delà d’une bonne intention. Le critère pour le financement d’une école au public défavorisé ne se base plus sur une estimation du niveau socio-économique du quartier d’implantation. Ce sont les données individualisées des élèves qui seront prises en compte : les revenus de la famille, le niveau de formation et le taux de chômage des parents.

Et dans l’Église ? Peut-on parler de "rentrée" ? Pour pouvoir en parler, il faudrait qu’il y ait eu dépaysement. Mais est-ce vraiment le cas ? Les condamnations existent toujours. Et les Frères de la Charité de Gent en font aujourd’hui les frais. De fait, ils autorisent les médecins de leurs centres psychiatriques à pratiquer l’euthanasie dans le strict respect du droit belge. Le pape François menace de retirer leur identité catholique aux Frères de la Charité s’ils ne reviennent pas sur leur décision. Le système aurait-il raison d’un pape, décrit pourtant comme un révolutionnaire, qui appelle à sortir pour se rendre aux "frontières" ? Qui est vraiment aux frontières de l’humain ? Les Frères de la Charité ou l’Institution ecclésiale ?

Et nous ? Sommes-nous prêts à nous rendre aux frontières de l’humain ? Avec HLM, avec les CCB, nous vous souhaitons un dépaysement salutaire qui permette une rentrée d’aube en aube, de commencement en commencement, comme disaient les Pères de l’Eglise.


Philippe Liesse


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