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La sanction des Broeders van Liefde pour leur vision de l'euthanasie

Collectif
Publié dans Bulletin PAVÉS n°52 (9/2017)

La question est grave : le Vatican menace de sanctions les Frères belges de la Charité parce que leur "visietekst" permettrait la possibilité de l'euthanasie. L'affaire mobilise plusieurs de nos groupes frères flamands. Lors de  la session biblique annuelle des Chrétiens pour le Socialisme, les participants ont rédigé cette lettre d'appel au respect de la conscience et au dialogue. D'autres groupes s'expriment de manière plus explicite en demandant une réflexion plus profonde et plus large : on trouvera ici aussi des extraits d'une pétition venant de la paroisse dominicaine de Filosofenfontein à Heverlee. Mais au moment où notre revue part chez l'imprimeur,  l'affaire est en plein débat. À suivre donc... (P.C. 12 septembre 2017)Le "texte d'orientation" des Frères de la Charité est accessible sur leur site. Golias vient aussi de commenter la position des Frères de façon qui nous semble pertinente.

 

À partir de notre "Bijbelvierdaagse", nous voulons exprimer notre sincère appréciation pour la manière dont les Frères belges de la Charité abordent les nombreuses questions difficiles autour de la fin de vie. C'est avec consternation que nous avons lu dans les médias que les Frères seraient sanctionnés pour cette position.

Dans des situations sans issue, surgit parfois la demande d'une euthanasie. Cette demande, les Frères désirent l’aborder avec attention, tant dans une perspective éthique que juridique. Juridiquement, en Belgique, tout patient en possession de ses facultés a le droit de formuler une demande d’euthanasie. Ignorer cette demande ne serait donc ni éthique, ni justifié juridiquement. Un récent arrêt de justice à ce sujet a également confirmé qu’une institution de soins doit y faire une place. Si la demande du patient satisfait aux strictes conditions juridiques, seuls le médecin et l’infirmière peuvent invoquer une objection de conscience. 

Dans le cas d’un patient en psychiatrie qui éprouve une souffrance sans issue, il est très important d’être proche de cette personne vulnérable à partir d’une inspiration chrétienne. Celui qui ignore sa demande d’euthanasie, où tout simplement l’écarte d’office, manque l’occasion de donner une réponse concrète et créative (c'est-à-dire en offrant des possibilités de vivre), à l'idée même de « qualité de la fin de vie ».

Le chemin difficile des soins palliatifs 

Nous nous réjouissons donc que les Frères belges de la Charité veuillent poursuivre dans cette voie difficile de l’accompagnement palliatif en cas de souffrance psychique sans issue. Cette relation de soin envers la personne psychologiquement malade, dans son inspiration chrétienne, peut jeter un pont entre la protection de la dignité d’une vie humaine et le souhait d’autonomie qui s'exprime dans une demande d’euthanasie.

À partir de cette relation de soin, les Frères choisissent de donner priorité à la protection de la dignité d’une vie humaine sur le droit à la disposition de soi. Par là, ils choisissent donc d'abord pour la vie, pas pour la mort. En même temps ils choisissent de ne pas ignorer la demande sincère du patient qui voit sa situation comme sans issue et l’éprouve comme insupportable. Et effectivement, là où les alternatives envisagées ne peuvent offrir aux yeux du patient en possession de ses facultés, un soulagement suffisant de sa souffrance insupportable, cela pourrait vouloir dire aussi que, finalement, cette personne psychologiquement malade, après avoir parcouru soigneusement tout un chemin, confie sa vie à Dieu via une euthanasie.

Un processus de décision très réfléchi

Il ne s’agit pas là, suivant cette opinion des Frères belges de la Charité, d’une décision prise à la légère. Il s’agit plutôt d’un processus de choix extrêmement soigneux où les soignants continuent à chercher la réponse sur la façon de pouvoir offrir un apport au bien-être de la personne concrète aux prises avec la souffrance et qu’ils trouvent sur leur chemin, tout en se mettant en route avec elle avec beaucoup d'amour.

C'est donc avec stupéfaction que nous avons appris par les médias flamands que les Frères belges de la Charité seraient sanctionnés pour cela. Notre foi nous lance le défi de nous mettre aux côtés de l’être humain en souffrance psychologique et de soutenir ceux qui veulent les accompagner au nom de leur foi chrétienne, et cela jusqu’au bout.

11 août 2017

Jan DE ROECK

au nom des 35 participants de la Session Biblique des

Christenen voor het Socialisme


* * * 

 

Extraits d'une pétition de membres de la paroisse Filosofenfontein, adressée au Supérieur Général des Frères de la Charité, au Cardinal De Kezel, et au président du Conseil d'Administration des Frères de Belgique.

[...]

Par cette lettre, nous vous demandons avec insistance de traiter de manière constructive et respectueuse les désaccords qui existent à ce sujet au sein de l'Église. Les motivations de cette demande sont légion. Limitons-nous ici à trois idées principales. 

La responsabilité face à la vie et à la mort est une donnée existentielle. Réfléchir là-dessus avec prudence demande aussi de prendre en compte d'autres domaines de tensions, telles que la solitude et la solidarité, la vitalité et l'impuissance, la distance et l'empathie, l'autonomie et la dépendance, ...  Seule une réflexion qui tente de couvrir la totalité de la vie humaine, peut donner des indicateurs corrects pour trouver un chemin libérateur dans le dialogue. 

Partir d'une vérité absolue clôt toute discussion et empêche de penser de manière contextuelle. N'est-ce pas notre vocation en tant que chrétiens de tout d'abord accompagner la personne qui souffre, avec tout notre amour, plutôt que de lui donner des leçons avec nos idées - très humaines, après tout... - sur le mystère de la vie et de la mort ? C'est la seule façon de faire justice dans ce débat à la crise de conscience et à l'interrogation d'une personne confrontée à une demande concrète d'euthanasie, à la personne souffrante elle-même.

Aucune menace de condamnation ou d'exclusion n'est plus acceptée par les croyants comme moyen de régler les désaccords. Les anathèmes n'empê-cheront d'ailleurs pas de réfléchir, ils bloqueront au contraire toute capacité d'écoute pour toute parole qui vient de l'Église. En outre, on perd de vue que la découverte de la vérité est essentiellement relationnelle. Ce n'est que lorsque les dirigeants de l'Église voudront se mettre eux aussi en situation d'apprentissage et ainsi rendre justice au sens de la foi du peuple de Dieu, qu'ils obtiendront de l'autorité respectueuse et de l'obéissance consentie. 

Nous osons espérer que notre demande contribuera à rouvrir le dialogue. 

Cordialement.

Le 30 août 2017,  I.N., J.P., J.S. de Filosofenfontein, Heverlee


Collectif

Notes :
Traduction : Pierre Collet


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