Gun Violence in the USA
Philippe Liesse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°54 (3/2018)
Une fusillade, une de plus ! 17 morts et 14 blessés dans un lycée à Parkland, en Floride. Un drame supplémentaire qui vient exacerber un débat déjà houleux sur le contrôle des armes. Mais Donald Trump a trouvé la solution, une de plus, brève, concise, sans appel : il suffirait d’armer certains enseignants, car « la seule réponse à un méchant armé, c’est un gentil armé ». Les profs se verraient donc proposer une agrégation plus lourde ! À côté de l’aspect purement pédagogique, il y aurait une formation au maniement des armes. On croit rêver en imaginant une prof de sciences en Calamity Jane ou un prof de littérature en Lucky Luke.
Pourtant, les études sur le sujet sont très claires : « Plus il y a d’armes à feu en circulation, plus les violences armées augmentent. » La littérature scientifique émanant de l’Université d’Harvard a démontré que la popu-lation court un plus grand risque de connaitre des homicides par balle dans les endroits où les armes à feu sont en vente libre.
Selon une enquête menée en 2017, 40 % des Américains disent posséder une arme à feu. Il n’est pas étonnant que le taux de meurtre ou d’homicide par arme à feu y est le plus élevé dans le monde développé. En 2016, il y a eu plus de 11 000 décès à la suite d’un meurtre ou d’un homicide invo-lontaire impliquant une arme à feu.[1] Quant aux suicides, l’American Journal of Public Health a souligné la relation étroite entre des niveaux plus élevés de possession d’arme à feu et le taux de suicide. Malgré le nombre de victimes, malgré le nombre grandissant de manifestants pour une réglementation plus stricte du port d’armes, il y a peu de chance d’assister à un changement. Le Gun Control est très difficile à envisager dans un pays où la Constitution garantit le droit d’être armé. Mais il faut être clair à ce sujet. Si, dans son deuxième amendement, la Constitution américaine garantit le droit de porter une arme, c’est dans le cadre d’une milice ou d’une organisation militaire, ce qui pouvait s’expliquer en 1795.[2] Cette précision concernant la milice a été occultée par la Cour suprême, dans un jugement de 1968, de manière à donner une interprétation qui assure un droit individuel.
Barack Obama avait proposé de rendre obligatoire la vérification des antécédents judiciaires des acheteurs. Mais le Congrès, à large majorité républicaine, s’était opposé à la mesure.
Pour Donald Trump, tout est clair et il ne sert à rien de perdre du temps à tergiverser. Ceci s’explique sans doute par le fait qu’il a été et est ouvertement soutenu par la NRA, la National Rifle Association, le très puissant lobby des armes à feu qui a injecté 30 millions de dollars dans la dernière campagne présidentielle du candidat républicain. Si Trump se trouve à l’aise en affirmant inlassablement et à tous les niveaux « Œil pour œil, dent pour dent », c’est qu’il ne craint pas une humanité borgne et édentée pourvu que les dollars tombent du bon côté. Un America First où s’entremêlent Gun First et Dollar First. « Pour ce petit bout de papier, qui peut tout acheter, je vois faire autour de moi n’importe quoi, pour toucher quelques billets, c’est vrai, tout le monde se battrait. »
Nous préférons remplacer l’ America First par Humanity First, une vraie démarche pascale ! Avec Hors-les-Murs, les Communautés de Base et le Mouvement Chrétien pour la Paix, nous choisissons de vous la partager : « Il s’est relevé, pour que l’homme soit debout. »
Joyeuse Lumière de Pâques !
Philippe Liesse
[1] Source BBC/ FBI/ Homicide Index Home Office
[2] Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.