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Avec les migrants : Notre part de colibris contre la misère du monde

Gisèle Vandercammen
Publié dans Bulletin PAVÉS n°53 (12/2017)


En Belgique, le partage est érigé en lois. Normalement nous sommes tous protégés de la misère. Encore convient-il d’apporter sa part, (ne voilà-t-il pas que ces cotisations sociales, par glissement sémantique, deviennent des charges). Il suffit de peu de chose : un accident, une maladie, un oubli et on se retrouve à la rue, tout se détraque.

Dès l’école il y a risque de misère, si l’enfant y vient avec plein de problè-mes dans la tête, il n’a pas de place pour les apprentissages. Cela se cache sous un comportement crâneur, cela se perd de vue dans de trop grandes classes. Devenu adulte, difficile de demander de l’aide pour remplir le moindre document, ouvrir un compte bancaire, comprendre les clauses d’un bail, d’une assurance, remplir les documents pour les allocations familiales, la mutuelle… suivre la scolarité des enfants.  Eh bien, tout cela est le quotidien pour celui qui ne connaît pas notre langue. J’ai pu le constater pendant 15 ans d’alphabétisation, et admirer l’art de la débrouille.

Pourquoi vient-il ici, celui-là, pourquoi est-il parti de chez lui ?
Parce que l’être humain n’a pas de racine aux pieds : quand il est menacé, quand il n’a pas d’avenir, quand il ne voit pas comment soigner, élever correctement ses enfants, il se met en marche. Aussi loin que nous remontions dans le temps, le chasseur cueilleur se déplaçait. Mais nous voici devenus sédentaires cultivateurs d’un lopin de terre, mais irrésistiblement impatients d’agrandir notre terrain, souvent par alliance, mais surtout par violence et nous voici à défendre nos frontières.[1] Il reste les victimes de cette violence. Vu mon âge, je peux dire que j’en sais un bout ; sans doute sommes-nous en paix chez nous depuis 70 ans, mais nous pourrions au moins revenir sur les dégâts de nos appétits dans les colonies.

Nous avons tous entendu parler des migrants au parc Maximilien, on les voit de moins en moins, mais aujourd’hui encore il arrive que malgré toutes les bonnes volontés, certains soirs la personne qui organise l’accueil ne peut caser tout le monde, elle ne peut cacher son désarroi et ce sont les réfugiés qui la consolent ! Au MCP, Carla passe assez souvent par le parc, elle amène quelques-uns de ces voyageurs au Poverello pour leur proposer un repas chaud, ils sont tout heureux de s’asseoir à une table de restaurant, parfois ils sont si jeunes qu’elle les amène chez elle, leur propose une bonne douche, un bon repas, une nuit tranquille au chaud et si possible le lendemain, les conduit à Fédasil.

A l’occasion du week-end Cefoc « de l’exil à l’asile » j’ai entendu le témoignage de Pascale Marie Haine, venue de sa province du Luxembourg ; elle nous a raconté comment, partant petitement, avec tant de bénévoles à la Croix Rouge, elle a participé activement à l’accueil des réfugiés, depuis les séances de tri des vêtements, jusqu’à l’organisation d’un match de foot.[2] Des jeunes réfugiés nous ont dit par où ils étaient passés pour arriver ici. Trois bénévoles Enéo nous ont présenté leur mission de parrainage de MENA (Mineurs Etrangers Non Accompagnés) ; dans un centre d’accueil ; malgré la barrière de la langue, ce qui évite les discours moralisateurs, glissent-elles ! Ces dames d’un âge respectable proposent des sorties du centre, des w.e., de l’aide administrative, quelques leçons de conduite automobile en vue du permis, des partages culinaires.

Dans ce minimum d’encadrement, nous sommes tous capables de bénévolat pour lutter contre la misère, l’injustice.

Si nous sommes actifs sur le Net, on trouve sur les plateformes citoyennes beaucoup d’informations mais aussi des demandes auxquelles répondre. Par ailleurs un regroupement des « communes hospitalières » devrait influencer la politique nationale, européenne.


Gisèle Vandercammen (Communautés de Base)

Notes :

[1]  Le mot frontière n’est utilisé que depuis le 13esiècle, il a une provenance militaire, (aller au front) avant cela on parlait de "fin" avec les bornes. À ce sujet Wikipédia est très instructif.

[2]  Elle raconte son expérience dans Tous les visages. Une bénévole dans un centre de migrants, aux éditions Demdel, dans une vidéo de 20 minutes : sur google, taper "Pascale M. Haine", cliquer sur la photo. Il y a aussi une page facebook.




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