liminaire
Pierre Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
18.07.2005. Regina Soares Jurkewicz est sociologue, coordinatrice de Católicas pelo Direito de Decidir (CDD Brésil) et depuis huit ans professeur à l'Institut théologique du diocèse catholique de Saint-André (São Paulo). Elle a publié il y a quelques jours, les résultats de ses recherches pour une thèse de doctorat sur la violence sexuelle faite aux femmes par des membres du clergé catholique au Brésil. À travers ses recherches, financées par UNIFEM (Fonds de Développement des Nations-Unies pour les Femmes), elle arrive à la conclusion que l'Église catholique brésilienne se place au-dessus de la loi du Brésil en occultant les cas d'abus au sein de l'Église, en réduisant les victimes au silence et en protégeant les agresseurs dans le but de dissimuler les crimes, se contentant de transférer les prêtres impliqués à d'autres paroisses.
Suite à une couverture extensive par les médias (en particulier l'interview de la revue Epoca) et à la présentation de son rapport, Regina Soares a reçu une lettre laconique de l'Institut la démettant de ses fonctions d'enseignante avec effet au 30 juin, pour cause de « divergences » d'opinions. Cette décision a été prise de manière unilatérale, sans aucun dialogue avec Regina Soares Jurkewicz et sans tenir compte des huit ans de services rendus comme enseignante, sans que se produise le moindre incident.
Plus encore que les résultats de l’enquête de la sociologue, c’est cette attitude de la direction de l'Institut ainsi que celle de l'évêque diocésain qui provoquent le scandale ! Elles montrent l'incapacité de la hiérarchie catholique à s'ouvrir au dialogue. Au dernier Conseil des groupes qui constituent p.a.v.é.s., nous avons déploré cette décision arbitraire et nous nous en sommes indignés. Une fois de plus, l'option retenue était celle de la politique du silence, essayant de priver de parole quiconque veut contribuer au progrès de la justice et de la vérité. Comme beaucoup d’autres groupes de chrétiens militant pour plus de liberté et de démocratie, nous avons rédigé une lettre de protestation aux autorités locales et nous avons demandé une révision de cette décision.
Au chapitre de l’intolérance politique, culturelle ou religieuse, ces dix derniers jours ont été particulièrement violents et meurtriers. Le terrorisme charrie avec lui le chantage, l’hypocrisie, l’humiliation, la peur. Et c’est bien cette dernière que Myriam Tonus dénonce comme véritable cause et enjeu du mur de la honte en Israël-Palestine. Témoignage très interpellant publié dans La Libre du 30 juin dernier.
Pierre Collet (Hors-les-murs)