liminaire
Pierre Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
22.08.2005. L’évacuation des colonies de Gaza a bien eu lieu. Et l’opinion publique, chez nous, est majoritairement favorable à la disparition des colonies, comme condition indispensable à la coexistence des deux états israélien et palestinien. Pourvu que ce soit bien un « premier » pas, et que les autres suivent. Que la bataille de la terre – et la bataille de l’eau en d’autres lieux – trouvent enfin une solution juste.
Nous dira-t-on que nous ne sommes pas « qualifiés » pour porter des jugements sur la politique du Moyen-Orient ? Que notre vision est partiale ? Que nous versons dans l’angélisme ? En tout cas, les informations et les images télévisées de l'évacuation de Gaza sont bien là, interpellantes, harcelantes, provocatrices… : une dramatisation voulue ? Ces images ont fait monter les larmes aux yeux d’Ariel Sharon. Qui aurait pu ne pas s’émouvoir de ces scènes déchirantes ? Comment réagirions-nous si on venait nous expulser de « notre maison » ? Plus modestement, cela devrait nous renvoyer en tout cas à la place que nous sommes prêts à faire aux « étrangers » parmi nous…
Or « la terre appartient à Dieu »… : vous vous souvenez de ce beau livre de don Franzoni, il y a plus de 30 ans ? Difficile de ne pas faire le lien. N’est-ce qu’une belle phrase, une utopie du « Royaume » aussi inutile que le grand rêve d’un « Eretz Israël » qui vient d’en prendre un coup… ? Peut-être pas si nous acceptons ce que cela implique concrètement pour nous, comme ce fut le cas pour sa propre communauté de base de San Paolo à Rome.
Heureusement qu’il y avait hier soir une autre chaîne, arte, pour relayer le petit discours et le concert de Daniel Barenboim en direct de Ramallah : enfin un souffle d’espérance.
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Mais encore au chapitre de la violence et de l’absurde, il y a eu ce jeune Brésilien assassiné par la police à Londres et frère Roger assassiné au milieu de la prière. Un des symboles les plus évidents de la paix et de la réconciliation vient de mourir en « martyr » : un témoignage bien différent de celui des kamikazes fanatiques. Il rejoint ainsi la longue liste des pacifiques dont on n’a pas supporté que les seules armes soient la tolérance et le dialogue : Gandhi, Charles de Foucauld, Martin Luther King, bien sûr, mais aussi d’une certaine manière Anouar Al-Sadate, Ytzhak Rabin. Après Jésus…
Pierre Collet (Hors-les-murs)