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La septième rencontre des Communautés chrétiennes de base d'Europe

à Edimbourg du 25 au 27 octobre 2003

Pierre Collet
Publié dans CEM n°61 (1/2004)

 

Cela faisait bien des années qu’on l’attendait, cette rencontre ! Vingt ans tout juste que ces rencontres européennes existent, et huit ans qu’on ne s’était plus vu, qu’on n’arrivait plus à mettre sur pied une activité internationale digne de ce nom. Pour toutes sortes de raisons financières, personnelles, et aussi structurelles. Mais ce n’est pas le lieu d’analyser une fois de plus les difficultés passées. Grâce à la ténacité du secrétariat belge qui pendant toutes ces années est parvenu à maintenir le contact, et surtout grâce à l’invitation, à la générosité et à l’organisation locale de la communauté de Iona, nous avons réussi à relancer le processus…

Nous nous sommes donc retrouvés à 29 participants à Édimbourg, représentant douze régions d’Europe, soit l’Écosse, l’Angleterre, l’Irlande, la France, la Belgique francophone, la Belgique flamande, la Suisse romande, la Suisse alémanique, l’Espagne, le Pays Basque, la Suède et la Hongrie. Le Portugal, l’Autriche et la Tchéquie s’étaient fait excuser, et le contact a été gardé avec l’Italie, une des forces les plus vives des communautés de base, mais dont on a dû se contenter de regretter l’absence…

La qualité de l’accueil écossais est tout à fait exceptionnel ! Même si vous n’arrivez le vendredi qu’à 11 h du soir parce que vous avez manqué votre correspondance à Londres, la responsable de la cuisine vous attend et vous sert comme si de rien n’était. Imaginez donc que si vous demandez votre chemin, on vous accompagne jusqu’au coin de la rue pour être sûr que vous avez compris… Ou que, devant votre embarras dans le bus parce que vous n’avez pas la monnaie adéquate pour la machine, une dame paie tout simplement à votre place…  En tout cas pour ceux qui n’avaient jamais mis les pieds au pays des lochs, ce fut une belle surprise ! Un merci tout spécial a été adressé à Peter MacDonald pour son aide et celle de l’église presbytérienne d’Édimbourg. Grâce à lui, nous avons pu mieux comprendre et rencontrer des personnes de la communauté de Iona, nous avons été invités à un concert de musique écossaise et à un « service de communion » de sa paroisse : il avait même adapté la liturgie pour tenter de rencontrer la sensibilité des nombreux catholiques ! Tous nous avons particulièrement apprécié la prédication de Ian Fraser, ce prêtre presbytérien également qui a tant fait pour la reconnaissance et le développement des communautés de base dans toute l’Europe. Si quelqu’un en désire le texte, qu’il me fasse signe.

Bien sûr, nous avons aussi travaillé aux objectifs de notre rencontre. Ceux-ci étaient assez clairs : « d’abord se rencontrer entre communautés d’Europe et avec celle de Iona, ensuite identifier les convergences possibles entre les CCB des régions d’Europe, enfin évaluer les capacités d’action commune pour des projets plus structurels, et donc relancer une coordination européenne. » . Trois ateliers (1 francophone et 2 anglophones) d’une dizaine de participants ont permis une information, une ouverture et un partage d’expériences assez exceptionnels. C’est là surtout que se sont exprimés les engagements concrets des communautés de même qu’étaient ressenties les différences de contextes, d’idées, de sensibilité et de priorité.

Et puis, malgré toutes les différences, on a pu se mettre d’accord en Assemblée Générale sur une « identité commune des communautés chrétiennes de base d’Europe » présentée selon trois axes. En résumant de manière très caricaturale – j’ai honte tellement je simplifie…  – :

-          Nos options ? Nos communautés sont d’abord des lieux de vie, où la première valeur est la dignité humaine, où l’expression est multiple, où la priorité est accordée aux pauvres, où l’ouverture favorise la participation et le développement de réseaux.

-          Un fonctionnement démocratique, la célébration communautaire et la lecture « contextuelle » de la Bible, et surtout l’engagement social sont les pratiques minimales qui permettent de reconnaître une communauté de base.

-          Les défis à rencontrer peuvent varier d’un coin de l’Europe à l’autre. Mais les difficultés rencontrées par la construction européenne et son ouverture à l’Est mettent en évidence des constantes : c’est le pluriculturalisme, l’immigration sauvage, et liées à cela le racisme, le néolibéralisme, l’extrême-droite, la pauvreté croissant avec la fracture sociale …

Pour le dire autrement, à la manière du communiqué de presse publié par nos amis espagnols : « partager la foi dans de petites communautés, offrir une autre figure et une autre voix de l’Église, en suivant l’option pour Jésus de Nazareth, et s’engager sur le niveau socio-politique en faveur des plus pauvres et marginaux de notre société, voilà les lignes et les options principales qui définissent l’identité de ces petites communautés et qui ont été approuvées comme une doctrine commune ».

Même si ces principes peuvent donner l’impression d’une tarte à la crème souvent servie, ce n’est pourtant pas banal du tout. Car derrière ces mots, chacun pouvait évoquer tout ce qu’il avait entendu dans son atelier, depuis le témoignage qu’on a pu entendre de cette vraie « communauté de vie » jusqu’à l’effort de cette paroisse catholique de Liverpool de restaurer un tissu social par des visites au niveau des quartiers. C’est là finalement que se situe l’enjeu réel d’une rencontre comme celle-ci : d’avoir vu, écouté, admiré et apprécié des personnes qui vivent très concrètement ces difficultés, ces défis, ces luttes et ces espoirs qui justifient notre engagement communautaire, cela nous redonne le courage d’avancer, d’inventer et le désir de les rencontrer encore !  

Rien d’étonnant donc que l’assemblée ait plaidé massivement pour la poursuite d’une coordination européenne afin de rendre les communautés chrétiennes de base plus visibles, leur permettre d’être un « signe » – pour elles-mêmes et pour l’extérieur – d’un autre monde et d’une autre église. Une dernière réunion, le lundi matin, a permis de remettre en route le « collectif européen » où chaque pays ou région est invité à envoyer un représentant et qui se réunira une fois par an. Sa première fonction est de permettre la confrontation des points de vue et d’entretenir les contacts. Mais c’est aussi à lui qu’il incombe de mettre sur pied, au moins tous les trois ans, une rencontre, un « Congrès », une Assemblée du genre de celle que nous venons de vivre à Edimbourg.

Pour être sûr que cela fonctionne, le « collectif » a désigné un secrétariat représentatif, c’est-à-dire d’au moins trois régions et trois langues différentes. Pour l’année qui commence, celui-ci se compose de Luis Angel Aguilar (Espagne), Pepe Beerli (Suisse), Peter MacDonald (Écosse) et Pierre Collet (Belgique). Enfin, un site web sera incessamment mis en route par les Anglais, où chaque pays ou région aura sa page et qui fournira des liens avec les autres sites existants (en Amérique Latine, en Australie, etc.).

Pas la peine sans doute de vous dire encore mon enthousiasme et le plaisir que j’ai éprouvé à rencontrer tous ces amis et amies à Édimbourg. Lisez par ailleurs ce que dit Marie-José Meessen de sa « découverte européenne », et si vous n’êtes pas encore convaincus, il ne tiendra qu’à vous d’en tenter l’expérience dans deux ou trois ans… à Madrid, à Rome ou à Budapest ! J’espère que je vous en aurai donné l’envie…

Pierre Collet (Hors-les-murs)


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