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La tâche la plus urgente…

Jos Lhoir
Publié dans HLM n°44 (5/1991)

La tâche la plus urgente consiste à faire sauter une certaine conception du sacerdoce autour de laquelle se concrétise une certaine conception de l’Église.

C’est un problème de cuisine interne, je le sais. Mais il commande et bloque tout.

Après bien des années de service, j’affirme sans regret et sans amertume que le type de prêtre que je suis n’est pas conforme à l’évangile. On a ressuscité le sacerdoce vétéro-testamentaire avec ses prêtres médiateurs, personnages sacrés. Ce n’est pas cela que Jésus a inventé ! Gauchet a raison : l’évangile est la religion de la fin de la religion.

Cette conception du sacerdoce est en outre invivable pour le prêtre et infantilisante pour les fidèles.

Infantilisante pour les fidèles qui attendent qu’on décide pour eux, à la limite qu’on croie pour eux !

Invivable pour le prêtre : comment peut-on faire métier de croire, comment peut-on être payé pour croire et faire croire ? Je revendique pour le prêtre le droit à l’erreur, au doute, à la faiblesse, à la lassitude. Je revendique pour lui le droit d’être un chercheur de Dieu !

Le sacerdoce est un service, non un pouvoir. Pas une profession, même s’il a pu l’être par le passé. C’est un service qu’on exerce à tour de rôle, à temps partiel ; à côté d’autre chose qui équilibre et humanise. Par des hommes ou par des femmes, évidemment. Mariés ou célibataires, évidemment !

On retrouverait en passant la fierté de saint Paul : "Vous savez qu’à mes besoins et à ceux de mes compagnons de voyage ont pourvu les mains que voici ... "

La tâche la plus urgente est de cesser d’ordonner des prêtres ! »

José Lhoir in HLM n° 44, mai 1991.

 

Sous ce titre, j’ai écrit dans H.L.M. : "La tâche la plus urgente est de cesser d’ordonner des prêtres". Je ne renie pas ce propos sans nuance. Tant mieux s’il a fait réfléchir. Pour le reste, un coup de poing sur la table ne fait généralement pas dans la dentelle.

J’appelle de mes vœux un grand débat de l’intelligence sur ce sujet. Un débat ouvert à tous. Il faut refuser que l’on pense pour nous : l’évangile est une chose trop sérieuse pour être laissée au pape et aux évêques. Un débat où l’on pose enfin les vraies questions. Où l’on ait le courage de penser là où ça fait mal. Et souhaitons aussi que chacun ait un avis personnel sur la question, le courage de l’exprimer et la liberté de le faire.

Il s’agit somme toute d’inventer de nouvelles formes de ministère, au lieu de répéter paresseusement le discours incantatoire sur les vocations. Le peuple chrétien fait la grève d’un certain ministère : qu’on s’interroge sur ses raisons au lieu de nier ou de faire appel à des briseurs de grève venus des couvents ou du froid.

Je plaide pour un sacerdoce qui ne soit plus conçu comme un métier mais comme un service. Qui serait donc exercé en tout cas à temps partiel, peut-être à titre temporaire, avec ce que cela implique de souplesse et de précarité.

Tel était le sens de mes réflexions. Elles sont conjoncturelles, s’efforçant de lire aujourd’hui les signes des temps. Elles invitent au débat.

José LHOIR in HLM n° 45, août 1991


Jos Lhoir (Hors-les-murs)


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