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Rencontrées à Hors-les-Murs…

Marie Muraille-Meunier
Publié dans HLM n°102 (12/2005)

 

Les femmes qui, d’une situation donnée, font un projet 

Pour ces femmes, le fait que l’homme de leur choix soit religieux, prêtre engagé dans l’Institution d’Église, n’est pas indifférent à leurs sentiments.

Celui auquel elles s’attachent par des liens d’amour est précisément marqué par un statut ecclésiastique et il est habité par des convictions évangéliques. Son mode de vie en témoigne : le sens des pauvres et des souffrants, le choix des chemins de paix, la réplique à toute violence à l’humanité des personnes, etc.

Ces traits de personnalité ont joué un rôle important dans la décision de ces femmes qui partagent elles-mêmes ces orientations de vie. Les  recherches de l’un et de l’autre vont dans la même direction : un monde autrement possible. Nombre de ces femmes sont habitées par des convictions fortes ; la foi évangélique anime leur vie familiale, professionnelle, sociale et fait partie de l’amour qui les réunit.

Les femmes dévoilent à leur compagnon de nouvelles façons de vivre, le rapport à la femme, la vie amoureuse et, par elle, le rapport à la vie.

 

Les compagnes de prêtre

Ces femmes admettent bon gré mal gré les choix d’un compagnon qui souhaite poursuivre sa fonction ecclésiastique. Ce qui revient souvent à leur imposer de rester dans l’ombre, sans pouvoir manifester en public leur  relation amoureuse. Nous connaissons nombre de cas où la situation est connue et acceptée par une bonne partie de la population.

Il arrive que des enfants naissent de cette relation. Certains enfants portent le nom de leur mère et ne connaissent pas l’état ecclésiastique de leur père.

Certaines s’adaptent à la situation avec les difficultés et les souffrances que peut engendrer l’absence de reconnaissance de leur couple par la société et l’Église, et parfois avec un véritable mal-être.

Dans ces cas de figure, la position de l’Église étonne et scandalise même. L’hypocrisie semble bien être promue au rang de règle de conduite de l’institution : connaissant les situations, elle s’en accommode, elle se défausse des réalités et des débats en faisant celle qui ne sait rien ! Les principes sont saufs, le silence fait l’affaire !


Les questions posées

Épouser un prêtre, est-ce porter atteinte au sacré que représente le compagnon ? Est-ce vécu par l’épouse comme une transgression ? Ce qui a vocation d’être vécu comme une histoire de joies doit-il devenir un itinéraire culpabilisant ?

Est-ce aussi l’occasion d’une remise en question des ministères ? De certains dogmes ? De la règle du célibat ? Est-ce aussi une opportunité pour se reposer les questions du sens de la vie et de la foi chrétienne ? Celle-ci est-elle une heureuse nouvelle ? Les constructions qui la surchargent et viennent de l’histoire – touchant à la figure de la femme et de l’homme, à la sexualité, à la représentation du salut et du bonheur – ne seraient-elles pas des fardeaux insensés que l’institution fait porter à l’humanité croyante ? L’Église est-elle fondée à présenter ces surcharges comme vérités révélées ? « Ils lient des fardeaux insupportables et ils les font peser sur les épaules des gens » (Luc 11, 46).

 

L’histoire de la relation  modifie les deux partenaires

Les itinéraires de ces prêtres et de ces femmes qui se sont rencontrés participent de ceux que connaissent nos cultures modernes : leurs histoires sont aussi bousculées par les fortes et brutales secousses de notre modernité en quête de repères. Pour plusieurs, l’Église n’est plus l’unique lieu de repères … Et, au-delà, les questions les plus radicales se posent sur les significations de la religion pour vivre l’estime de soi, dans la vie personnelle et dans la vie sociale.

L’Église ne semble pas aujourd’hui disposée à revoir sa position sur la loi du célibat, érigée en norme universelle pour exercer la prêtrise. Pourquoi ferme-t-elle les yeux sur une évidence ? Nombre de prêtres, de religieux, de femmes et d’hommes posent ouvertement la question : le célibat est-il le seul état de vie compatible avec le ministère ordonné ? En vertu de quel imaginaire, de quelle idéologie, l’Église tient-elle cette langue de bois devant cette situation ?

Nous souhaitons avec beaucoup de croyants, qui attendent de l’Église une attitude de vérité, une mise en concordance des pratiques avec l’expérience vécue et les découvertes de la psychologie, de l’anthropologie, de l’exégèse. C’est tout autre chose qu’une question de mode ; il y va ici d’une exigence de vérité humaine.


Les vraies questions 

Le célibat, un choix ? Pourquoi pas la liberté personnelle pour le prêtre de choisir les modalités de sa vie affective ? Le célibat imposé n’a-t-il pas ses limites ? Il peut être une fuite, un refuge ; il est parfois vécu comme un manque affectif, une frustration. Lorsque le manque amoureux se fait encombrant, que deviennent la disponibilité et la liberté ? Elles qui sont nécessaires à l’attention aux personnes, ne sont-elles pas précisément primordiales dans la pratique de tout ministère ? Autant que les autres états de vie, le célibat ne comporte-t-il pas lui aussi des risques d’échecs et de tragiques ratés ?

Le manque de clercs, la sécularisation et l’engagement de nombreux laïcs formés suggèrent un autre chemin : des femmes et des hommes qui croient en l’importance des évangiles et à la fécondité d’un partage en communau-té y trouveront les solutions appropriées pour la prière et la vie au grand vent des problèmes et des espoirs du monde.

 

Marie Muraille-Meunier (Hors-les-murs)


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