liminaire
Pierre A. Collet
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Plus d’un mois déjà depuis l’horrible attentat commis par le Hamas : la spirale de la violence ne semble connaître aucune limite. À quelques jours près, c’était 50 ans après la Guerre du Kippour. Parmi d’autres, nous choisissons pour l’évoquer un vieux sage brésilien, Leonardo Boff.
Les hésitations, tergiversations et invectives partisanes de nos femmes et hommes politiques tant belges qu’européens ou américains n’ont que trop duré aussi. Leurs querelles autour des termes utilisés semblent plus importantes que la réalité de l’hécatombe vécue par les protagonistes.
Avec José Arregi, osons dire à la fois que nous soutenons la juste cause des Palestiniens et que nous condamnons tout autant l’antisémitisme que le terrorisme. Commençons donc par faire attention aux mots que nous utilisons, comme rappelle Christophe Courtin : Mal nommer les choses rajoute à la misère du monde… Gardons à l’esprit que « le véritable ennemi, c’est la haine », comme rappelait Edgar Morin la semaine dernière. Si les conséquences de cette guerre sont ressenties dans nos pays de façon plus vive qu’on ne le voudrait sans doute, refusons d’être manipulés et "pris en otages" à notre tour, comme le crie Christine Pedotti. Et refusons de nous réfugier dans le silence sous prétexte de renvoyer les belligérants dos à dos, silence dont Delphine Horvilleur confesse qu'il l’a terrassée.
En écho à la déclaration de Shlomo Sand dans Libération il y a 10 jours, et à son appel à une aide « extérieure », continuons à oser dire notre conviction profonde : La terre appartient à Dieu, comme titrait Dom Franzoni : c’était aussi il y a 50 ans, en 1973. La terre ne nous appartient pas, elle nous est juste prêtée d’une génération à l’autre. Et moins encore si on la qualifie de « Terre Sainte » bien sûr…
Deux autres actualités importantes et plus « catholiques » nous ont interpellés.
1. Fin septembre, la visite du pape à Marseille à l’occasion des « Rencontres méditerranéennes » pour rappeler l’urgence d’un accord global européen sur l’accueil et l’accompagnement des migrants. Les médias n’en ont pas trop parlé, sauf pour laisser soupçonner « une forme d’ingérence du pape dans la politique française »… Mais le vice-président de la Commission européenne, en charge des questions migratoires, Margaritis Schinas, n’a rien perdu du discours de François : « Il m’aide et m’inspire car il a une approche holistique de la question. Or nous aussi on doit travailler comme des architectes et pas comme des pompiers. »
Intéressant de noter que cet appel du pape est rejoint par une remarquable prise de position des UISG (les supérieures générales de tous les ordres religieux du monde entier) qui fait 10 propositions bien ciblées.
2. La clôture de la première session du Synode romain. On partage bien sûr l’insatisfaction générale à la lecture du « rapport de synthèse » dont on peut trouver une présentation détaillée sur le site de Cathobel : beaucoup de commentateurs ont souligné le paradoxe entre une « forme » de participation nouvelle et appréciée, et le peu d’avancées en ce qui concerne les contenus de réforme attendus. Lire par exemple la tribune du Comité de la Jupe. À la réflexion pourtant, il ne pouvait sans doute en être autrement pour ouvrir la période intermédiaire consacrée à de nouvelles consultations et pour éviter d’éventuels blocages. Mais qui va assurer la suite et sous quelle forme… ? À suivre dans notre prochain bulletin à paraître en décembre.
Pierre A. Collet (Réseau PAVÉS)