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Les « Sans Papiers » cherchent refuge dans nos églises.

Henri Solé
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues

Près de 40 ans après la grève de la faim vécue à l’église des Sts Jean et Nicolas, près de la gare du Nord à Bruxelles, par des travailleurs maghrébins qui voulaient exprimer leur refus d’une condition d’esclave dans le marché commun, nous nous retrouvons avec des milliers de « Sans Papiers », certains habitant chez nous depuis une dizaine d’années, qui n’ont plus d’autre alternative que d’appeler au secours notre société en occupant des lieux publics, principalement nos églises.

Tous les observateurs avertis ont dénoncé la politique d’une Europe forteresse, repliée sur elle-même. Cette position est intenable à tous les niveaux de notre société (transformation de nos sociétés en états policiers, frontières infermables, besoins de main d’œuvre, … ) et, en finale, préparation d’une révolution mondiale des exploités face aux richesses scandaleusement accumulées sur le dos des travailleurs misérables du tiers-monde et de notre quart-monde qui grandit à toute vitesse.

 

          Si je vous écris cela, c’est pour mettre en cadre, l’attitude un peu ridicule et épisodique d’une Eglise catholique qui cherche à se donner une importance fausse en voulant protéger des privilèges cultuels dépassés face à un appel mondial de l’humanité. Va-t-elle de nouveau rater le tournant des grands chemins de  Dieu dans la conscience humaine ?

 

          Ayant passé ma vie à servir, à cause de Jésus et de son Evangile, la cause des pauvres, je mets mon cœur et mon intelligence dans ce message. S’il vous semble outrancier, c’est parce que je le veux court et lisible… il ne s’agit pas d’un dossier pédagogique.

 

J’ai la chance d’être un témoin privilégié et un acteur de terrain dans la gestation d’une humanité nouvelle ouverte à tous et ouvrant un avenir à tous les humains. Ayant, comme pensionné, pris distance avec les circuits officiels de l’Eglise catholique, j’ai pu établir des contacts avec les insurgés contre une société où seul compte l’argent : voyez le dernier exemple donné par Inbev !

         

J’ai écouté les occupants de l’église St Boniface et leurs voisins, j’ai soutenu l’ADEP et le CRER. J’ai participé à la protestation de Vottem (contre l’enfermement des enfants) et à la manifestation de Bruxelles autour et avec les occupants de St Boniface.

 

          J’étais à Bruxelles quand les « Sans Papiers » se sont fait exclure de l’église de St Gilles. C’était pour leur bien, pour des questions d’hygiène, pour leur donner des locaux plus appropriés, afin de leur donner le temps de rédiger un « dossier pédagogique » (sic) que le doyen s’engageait à faire partager aux 5 communautés de St Gilles dont il est le pasteur canonique…

 

          Pour tenter de leurrer jusqu’au bout ces pauvres gens, il les a envoyés faire leur demande à des églises périphériques de Forest, dont la paroisse St Curé d’Ars autogérée par les laïcs. La demande est parvenue à cette communauté le mercredi Saint. Lors de la liturgie du Jeudi Saint, au début du repas de la Pâque, l’équipe pastorale a demandé à la centaine de participants ce qu’il fallait répondre. A la fin de la célébration, 70 % ont répondu qu’on ne pouvait pas refuser d’accueillir des étrangers. Enfin une parole de chrétiens dans ce désert d’ecclésiastiques « malins » !

 

          Depuis lors, les locaux paroissiaux sont habités par des êtres humains, respectueux des personnes, des biens et du culte. En 3 jours, plus de dix mille « Sans Papiers » sont venus demander au gouvernement de notre pays de pouvoir vivre sans peur et d’être reconnus comme des êtres humains à part entière.

 

          Si le gouvernement ne régularise pas rapidement ces milliers de personnes qui se cachent chez nous, il aura beau faire des rapatriements, des centres fermés, mettre des policiers et vigiles à tous les coins de rue, dans les gares et les écoles, il ne devra s’en prendre qu’à lui pour l’insécurité et la montée des maffias.

 

          Et si l’Eglise n’épouse pas aujourd’hui la cause des pauvres, elle perdra le peu de crédibilité que l’évangile lui donne encore et l’Esprit Saint continuera à lui retirer toute fécondité.

Henri Solé


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