Quand une sanction tient lieu de dialogue
L'affaire Jean Kamp
Pierre de Locht
Publié dans HLM n°84 (6/2001)
L'interdiction de "célébrer l'Eucharistie dans les paroisses du diocèse et à La Roseraie, de ne plus y assurer, par le fait même, la prédication et de ne plus y porter la communion" a été notifiée récemment à Jean Kamp par l'évêque de Namur, sanction qui ne peut que toucher profondément un prêtre qui, avec une loyauté totale, a donné sa vie entière au service du prochain, tout particulièrement, ces dernières années, auprès des personnes âgées.
Celles-ci sont-elles réellement prises en compte, ont-elles été consultées, entendues, et que signifie pour elles cette mise à l'écart d'un prêtre dont on ne peut mettre en doute la générosité et l'attention évangélique aux plus démunis ? Nous ne nions pas qu'une question importante se pose quant au contenu de la foi. Mais il faut reconnaître le respect qu'a Jean Kamp de la foi des fidèles.
Nous nous demandons également si le conseil presbytéral a été consulté à ce sujet, lui dont la mission officielle est précisément d'éclairer l'évêque sur la saine réalisation des ministères au cœur de la communauté chrétienne.
L'évêque justifie la mise à l'écart de Jean Kamp en affirmant que ce que celui-ci "met dans l'Eucharistie ne correspond plus à ce que l'Eglise catholique y met, ni, généralement, à ce que les fidèles y mettent". N'est-ce pas méconnaître la diversité d'approches et de contenus que donnent les chrétiens à leur participation eucharistique ? Diversité qui exprime la réalité de leur implication chrétienne, et qui constitue plus réellement la foi de l'Eglise que toute formulation dogmatique. Est-ce donc à une pensée unique qu'il importe de réduire le peuple chrétien et ses ministres? On le voit, la sanction prise dépasse de loin la personne de Jean Kamp. Elle nous concerne tous quant à la vérité d'un peuple en marche, et dont chacun des membres est un artisan de l'approche évangélique pour aujourd'hui. Je ne puis croire que le contenu et le ton spirituelo-mielleux de la lettre de l'évêque de Namur expriment la foi de l'Eglise et la charité évangélique.
Cette mise à l'écart est symptomatique d'une question plus vaste, d'une brûlante actualité. La distance qui s'établit entre une large partie de la hiérarchie de l'Eglise catholique et un nombre de plus en plus grand de chrétiens doit-elle être traitée par des sanctions autoritaires ou dans un dialogue réellement ouvert qui concerne l'ensemble de la communauté ecclésiale dont nous portons tous une part importante de responsabilité?
Pierre de Locht, et le groupe Abrame (Atelier bruxellois de recherche pour d'autres ministères dans l'Eglise) : Geneviève Clément, Monique Duhain, Thierry Kervyn, Caroline Lefebvre, Monique Lefebvre, Monique Petit, Gustave Stoop, Paul Tihon et Jacques Vermeylen.
Pierre de Locht
