liminaire
Pierre Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
02.04.2007. Publiée le 13 mars dernier, censée rendre publics les résultats du synode d’octobre 2005 sur l’Eucharistie, l’exhortation apostolique ‘Sacramentum caritatis’ n’a évidemment surpris personne, mais en a blessé beaucoup, comme d’habitude… "Même des personnes extérieures ont été scandalisées par ce message si peu empreint d'humanité. Ils s'attendaient à autre chose de la part de ce Pape qui parle si abondamment d'amour. Mais de quel amour s'agit-il? Toute entière concentrée sur l'eucharistie (la communion, si bien nommée le sacrement de l'amour), son exhortation exprime parfaitement ce que nous connaissions déjà des convictions profondes de Benoît XVI et elle nous le montre plus étranger que jamais à la réalité de la vie des gens, tant en ce qui concerne les divorcés remariés, que l'homophobie ou l'obligation de célibat pour les prêtres, pour ne citer que quelques exemples." (citation de la Déclaration de Nous sommes aussi l’Eglise, France). On peut trouver un résumé de ce long texte en 20 points sur catho.be.
Dans la même veine, en pire parce qu’il s’agit cette fois d’un acte délibéré, la condamnation du jésuite Jon Sobrino, l’un des témoins les plus importants de la théologie de la libération. L’ex-préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi reparaît de plus belle et semble régler ses comptes. Il est reproché à Jon Sobrino d'insister sur la dimension humaine du Christ plus que sur sa dimension divine, et de parler de "l'Eglise des pauvres" là où la théologie officielle parle "d'option préférentielle pour les pauvres"… Serait-on en plein prélude au voyage prochain de Benoît XVI au Brésil ? Voir à ce propos un commentaire non dépourvu d’humeur… ou la lettre d’encouragement de Leonardo Boff .
Mais on s’appliquera surtout à lire la réponse, très claire et détaillée, de Jon Sobrino à son supérieur général. Réaction possible ? Le soutien d’un maximum de personnes est nécessaire pour qu’on commence doucement à comprendre qu’une opinion publique (ou un ‘sensus fidelium’, comme on voudra…) existe bel et bien dans l’Eglise catholique. Souscrivez par exemple à la réponse de Frei Betto ou à celle de nos amis flamands de Broederlijk Delen . Mais le réseau espagnol Redes Cristianas vient de publier un communiqué bien plus explicite dont nous vous offrons la traduction : on peut aussi y manifester son adhésion.
A l’approche du 2e anniversaire de l’élection de Benoît XVI, on lira avec intérêt l’analyse globale, mesurée et … pessimiste d’un grand théologien français, Jean Rigal.
Puis il y a les déclarations qui fleurissent sur l’avenir de l’Europe à l’occasion des 50 ans du Traité de Rome. Nous avons préféré signer celle du Réseau Européen "Eglises et Libertés" à celle d’un consortium avec des mouvements humanistes qui ne nous paraissait pas mettre en évidence suffisante les valeurs de solidarité. Et nous nous sommes expliqués là-dessus dans notre revue.
Enfin, ne boudons pas les petites avancées : la Belgique vient de faire un petit pas un peu prophétique en déclarant illégales les armes à uranium appauvri sur notre territoire. Elle poursuit ainsi son rôle pionnier : après avoir été en tête pour l'interdiction des mines anti-personnelles et des armes à sous-munitions, elle fait un pas de plus qui ouvrira la voie à d'autres. La loi a été votée ce 22 mars et entrera en application dans deux ans.
Pierre Collet (Hors-les-murs)