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Alésia et les irréductibles Gaulois

Jacques Meurice
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues

En ce début d'année 2007, les sans domicile fixe, SDF, de Charleroi se sont réunis et ont décidé, comme à Paris, d'installer leurs tentes, tous ensemble, sur les bords de la Sambre. Cela a attiré l'attention des journalistes, des médias. Ils ont été interviewés et l'opinion publique a, tout d'un coup, pris conscience de leur existence, de leur nombre et de leurs problèmes. Eux aussi se sont sentis renforcés d'être groupés. Ils ont adopté un éducateur de rue, Denis Uvier qui avait décidé de les accompagner.

Cela ne pouvait pas durer. Vivre ainsi sous tente en pleine ville, près d'une gare et d'un quartier chaud où règnent en maîtres les proxénètes, entraînait des problèmes insolubles. Ils ont cependant eu la volonté de poursuivre leur expérience de vie commune. En fait, ils ont voulu que cela continue et ils ont eu l'idée de chercher un endroit calme et favorable à leur projet. Ils l'ont trouvé à environ un kilomètre de là : le premier terril rencontré, celui d'un charbonnage abandonné, aux portes mêmes du centre-ville, entre la ville et les faubourgs.

Ils l'ont immédiatement appelé le plateau d'Alésia, le village - ils n'ont pas voulu dire la forteresse - des irréductibles gaulois. Là où en 53 avant notre ère, Vercingétorix et les siens ont résisté avec héroïsme aux légions de César. Ils ont installé leurs tentes dans un décor bucolique de robiniers et de bouleaux. Puis ils sont de suite devenus des pionniers. Tout était à faire, depuis le feu de bois pour la cuisine jusqu'à la douche et la feuillée, en respectant au maximum l'environnement, en mettant en œuvre uniquement des techniques naturelles. C'est le souci constant et la volonté de Denis, l'éducateur qui vit avec eux.

Ils restaient une bonne douzaine. Certains ont rapidement senti se réveiller une vocation qui sommeillait en eux. Un qui avait eu une formation d'horticulteur voulut de suite commencer un potager. Un autre était doué pour la cuisine. Il fallait des volontaires pour récolter le bois mort, pour aller loin chercher l'eau potable dans des bidons… Le soir, autour du feu de bois, ils ont fait de longues palabres, de là à vouloir refaire le monde il n'y avait plus si loin …

Ils ont découvert là ce qui leur avait manqué depuis longtemps : le calme et le répit, le temps et le goût de réfléchir dans un cadre qui s'y prête. Les conséquences ont été géniales et presque immédiates : plusieurs ont retrouvé du boulot, du petit et du plus sérieux. Ceux-là quittent Alésia tous les matins et rentrent le soir. Un d'entre eux a décidé de reprendre contact avec sa famille. Un autre a appris et accepté qu'on lui réserve une place avec une chance pour faire une nouvelle vie, sans qu'il doive abandonner son chien.    

Mais ils veulent avant tout que cela continue. Leur devise maintenant c'était jadis celle de la mère de Napoléon : pourvu que ça dure. Et on dirait que cela peut durer. Avec un peu de bonne volonté, quelques moyens nécessaires. Il y a en effet de nombreuses visites : des responsables des commissions publiques d'aide sociale, de différentes associations, des assistants sociaux, des syndicalistes, des femmes et des hommes politiques, des étudiants.

Il y a à Alésia une telle sérénité, peu à peu même une certaine joie de vivre, que des sympathies naissent, des collaborations s'établissent, des choses utiles arrivent…Qui a parlé d'une société nouvelle, d'un monde nouveau ?

 

                                                                                 

Jacques Meurice (Hors-les-murs)


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