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Pierre de Locht à Corinthe : prêtrise et condition commune

Pierre Collet
Publié dans Bulletin PAVÉS n°11 (6/2007)

Il y a près de vingt ans qu’est né, à partir de Hors-les-Murs, le groupe de réflexion qui s’est baptisé ‘Corinthe’. C’est que les prêtres mariés, ou ‘sortis’, ou ‘démis’, n’étaient pas tous intéressés pour continuer à discuter des ministères, de l’Église, ni même de leur foi, encore moins à mener des actions et des combats ‘pour que ça change’ ou pour s’engager à ce propos avec la ‘Fédération internationale des prêtres mariés’ qui portait ces objectifs… Comme il n’était pas question d’altérer le pluralisme de l’association, Hors-les-Murs a donné naissance à Corinthe et lui a assigné comme ambitieux cahier de charges : ‘à partir de l'expérience des prêtres mariés, travailler au renouvellement des ministères dans une Église rénovée’…

Notre groupe s’est ainsi réuni plus de cinquante fois sur une bonne douzaine d’années, généralement le dimanche après-midi. Composé à parts égales de quelques prêtres mariés et leurs épouses et de prêtres ‘en fonction’, il a compté entre dix et vingt membres, et de l’avis général, Pierre de Locht en était le principal ‘animateur’, au sens propre du terme : c’est lui qui était le plus acharné à questionner, à solliciter la recherche, à ‘imposer’ des devoirs pour la réunion suivante, à interpréter et à synthétiser les avis.

Il n’y a guère de doute que les anciens participants à Corinthe se joindraient ici à moi pour rendre hommage à Pierre pour tout le travail et toute l’amitié partagés pendant ces années. Et plus particulièrement pour épingler deux souvenirs latents qui nous ont marqués et ont façonné notre conviction et notre attitude :

-     « pour que les laïcs prennent la place qui est la leur dans l’Église, pour que l’Église soit réellement le Peuple de Dieu que proclame le Concile, il faut que le prêtre leur en laisse la place ; il n’y aura de prise en charge par les laïcs qu’à condition que les prêtres prennent l’initiative… de se retirer » ;

-     « retrouver la condition commune de ‘croyant’ : ‘J’espère être croyant’, c’est cela qui compte et cela suppose d’accepter et de revendiquer la condition commune de baptisé. En être heureux et le dire… »

Pendant toutes ces années, la réflexion menée à Corinthe a alimenté très substantiellement le bulletin Hors-les-Murs ; de nombreux témoignages y furent publiés, des lettres ouvertes, et surtout des analyses que Pierre rédigeait, nous semblait-il, avec une aisance et une régularité impressionnantes…

En mettant de l’ordre dans ces vieux rapports de réunions, je suis tombé sur cette lettre d’il y a tout juste 10 ans, jour pour jour, où Pierre nous envoyait son ‘devoir’ habituel. On y trouve en finale les réflexions suivantes qui n’ont jamais été publiées et qui, me semble-t-il, n’ont rien perdu de leur force d’interpellation :

« À la fin de la dernière réunion ont été évoqués, à propos de l’engagement, deux thèmes assez connexes, et qui sont l’un et l’autre d’une particulière actualité.

D’une part, en présence des grands problèmes actuels, n’a-t-on pas, y compris d’un point de vue chrétien, autrement plus de responsabilité, d’efficacité, de saine liberté, comme laïc que comme prêtre ou diacre dans une situation officiellement mandatée ? À cette perte de liberté et d’effica-cité serait due, pour une part non négligeable, la raréfaction des voca-tions religieuses ou sacerdotales, et non au manque de générosité ou à la contagion de "l’esprit du monde", comme le croient les autorités religieu-ses. Si tel est le cas, c’est un tout autre profil d’Église qui s’impose.

D’autre part, la valeur et l’authenticité d’un engagement sont-elles liées à une exigence de durée illimitée ? Dans un univers à évolution accélérée, faut-il en rester nécessairement aux options prises en commençant, ou y a-t-il place pour des changements de cap, des remises en question, des orientations inédites, en fonction d’éléments nouveaux qu’apporte l’existence ? Le lien absolu entre fidélité et durée est-il intangible ? Ne se peut-il pas qu’au nom même de la fidélité aux valeurs poursuivies, aux réalités vécues, et même aux personnes, des modifications peuvent s’avérer judicieuses, voire indispensables ?

Le 22 mai 1997. Pierre de Locht. »

 

Pierre Collet (Hors-les-murs)


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