liminaire
Pierre Collet
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30.08.2007. Les prises de position après les déclarations vaticanes de début juillet se succèdent à un tel rythme qu’il nous faudra bien renoncer à en rendre compte ! Mais juste une remarque quand même : avec des titres comme "Tristesse", "Glaciation", "Repli", les auteurs paraissent plus désabusés que jamais… au point d’envisager, comme Gérard Bessière, le risque d’un "autre schisme", « celui de beaucoup de chrétiens qui s'en vont sans bruit, de beaucoup de prêtres qui prennent distance intérieure par rapport au magistère romain et à leurs responsables hiérarchiques silencieux. » Et de s’en prendre aux évêques et même aux théologiens… A part Jean Rigal qui met le doigt courageusement sur ce que ces textes officiels ont en commun : leur "non-réception" par la majorité des chrétiens… Alors, où va l’Eglise catholique ? "Vive le latin et vive la vérité dogmatique" ? Ou plutôt "Adieu l’Eglise", comme titrait Jacques Meurice il y a quelques années ? Ou encore Lukas Niederberger, ce jésuite suisse qui vient de claquer la porte : « l'Eglise catholique ne répond plus aux besoins spirituels des hommes de ce temps. C'est tragique ! » Charles Delhez dans Dimanche parle du « désarroi et la peine profonde de tous ceux qui, les uns après les autres, ont fini par quitter l’institution et ne font plus entendre leurs revendications à Rome parce qu’ils n’en attendent plus rien… » Etc…
Pour une fois, une lueur d’espoir se lève cependant du côté de l’Amérique latine : malgré la manipulation des textes opérée entre la Conférence et le Vatican, José Comblin remarque un tournant pris par les évêques réunis à Aparecida, pour la CELAM V. Mais sera-t-il suivi des options concrètes par lesquelles il conclut sa remarquable analyse ?
Et puis pour célébrer le 10e anniversaire de sa mort, on découvre la profonde humanité de Mère Teresa : Pendant cinquante années, à l'exception de cinq semaines, elle n'a pas senti la présence de Dieu, «ni dans son cœur, ni dans l'Eucharistie», selon le père Kolodiejchuk qui est en charge de son dossier de canonisation. Dans sa correspondance, elle parle de sécheresse, d'obscurité, de solitude et de torture : « Où est ma foi? Même tout au fond de moi, il n'y a rien, sinon le vide et les ténèbres. Mon Dieu, que cette souffrance inconnue est douloureuse. Je n'ai pas la foi. »
Revenons aussi sur cette expulsion d’étrangers, l’affaire Angelica, qui a enfin provoqué des remous ! La Belgique entière a été choquée et a pris parti. D’autant plus qu’on avait affaire à une famille qui était en train de s’intégrer avec demande de naturalisation…Et donc on devine que ce genre de mesure a aussi pour objectif de dissuader les candidats à l’immigration. Mais c’est l’utilisation d’un enfant qui est apparue la plus scandaleuse. Parmi d’autres, épinglons la saine réaction de la Ligue des familles : « Cette utilisation de l’enfant constitue une atteinte grave à l’application de la Convention des Droits de l’Enfant (…) Les familles rappellent leur revendication d’exclure tout enfermement de mineurs étrangers dans le cadre de ces procédures de régularisation ». Cela semble un minimum, en effet. Dans la guerre des communiqués médiatiques, rappel aussi du message du président équatorien "au peuple belge" : « Dans tous les cas, si un jour, vous, les amis belges, vous vous voyez obligés de quitter votre propre patrie, vous avez la garantie de ce qu'ici, en Equateur, vous serez reçus comme des frères, parce que nous, nous considérons qu'il n'y a pas d'êtres humains illégaux et nous vous accueillerons à bras ouverts » …
Enfin, en ces temps d’incertitude politique belge – c’est le moins qu’on puisse dire… – gardons un œil sur les difficultés de la construction européenne et la mise en veilleuse de ses symboles, ainsi que sur nos responsabilités concernant le reste du monde. La suffisance d’un Sarkozy ne met que mieux en évidence ses incohérences ahurissantes. Et comme disait Gide en 1927 : « moins le blanc est intelligent, plus le noir lui paraît bête » !
Pierre Collet (Hors-les-murs)
