liminaire
Pierre Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
07.11.2007. 150 jours après les élections, il faut bien avouer que la Belgique ne va pas bien… Chez nous aussi, semble-t-il, les réflexes protectionnistes et identitaires prennent le dessus sur le dialogue et sur la solidarité. ‘Là où est votre trésor…’ Mais comment se fait-il que, sous prétexte de ne pas mêler religion et politique, le cardinal n’ait pas osé une parole de ce genre au moment où les curés étaient sollicités pour faire signer des pétitions à la sortie des messes ? Il est encore temps de vous exprimer et de signer la pétition – non pas forcément pour la Belgique unie – mais pour la solidarité…
Depuis l’arrivée de Benoît XVI, il
semble bien que le scandale par excellence reste celui d’une approche positive
du pluralisme contemporain : une véritable croisade contre le relativisme,
souligne Golias.
Le Vatican s’en est donc pris récemment au CIL, à ses débats concernant
l’euthanasie, et même à un article de notre ami Ignace Berten, pour lequel les
chemins de vérité sont plusieurs et non pas un seul. L’intervention est
significative et promet des lendemains qui déchantent. Joseph Ratzinger estime
en tout cas qu’il est temps de siffler la fin de la récréation conciliaire. Sur
cette question, qui est finalement aussi celle de la ‘vérité’ si chère au pape
dogmaticien, on suivra avec intérêt les débats entretenus avec Habermas :
car les enjeux ne sont pas moindres que la vision de l’Europe, de la religion,
de son rapport à la société.
Mais en transmettant la critique de la Doctrine de la Foi au CIL, qu’a donc voulu dire le cardinal
Danneels en précisant que les évêques ‘souscrivaient’ aux
remarques formulées par Rome… ? On en saura peut-être plus dans les
semaines qui viennent.
Pour nous, il y a en tout cas un tout autre scandale, et c’est celui de la béatification des 498 ‘martyrs’ de la guerre d’Espagne. Le fantôme de Franco (et celui de Balaguer…) ont décidément encore leurs fans. Curieux quand même que les prêtres qui moururent de la main des phalangistes ne soient jamais dans la liste des béatifiés… Mais quand donc cessera-t-on de confondre la foi, l’église (sans majuscule) et la religion ? En tout cas, la reconnaissance de la démocratie comme ‘valeur’ d’humanité n’est sans doute pas non plus pour tout de suite. Lisez donc la finale du commentaire de José Maria Castillo…
Pourtant de bonnes nouvelles nous arrivent aussi. La Croix – et la famille de l’assomption qui est derrière – souligne par exemple les avancées significatives des collaborations entre religieux et laïcs. Pas tant pour que survivent les ‘œuvres’ des instituts religieux, mises en péril par la raréfaction de personnel, mais bien plutôt pour que se développent les spiritualités particulières, riches de leur diversité. Un beau défi et une espérance. Et une manière de penser l’Église autrement que hiérarchique.
Et aussi ce débat ouvert dans Dimanche pendant tout un mois sur l’ordination d’hommes mariés : rien de bien neuf sans doute, mais ajouté à d’autres signes comme la suggestion faite aux paroisses par les dominicains hollandais de choisir leurs animateurs/trices et de les proposer à l’ordination…
Enfin, c'est avec émotion que nous avons appris le décès subit à 77 ans de l’abbé Louis Dubois, ancien supérieur du Petit Séminaire de Floreffe, où il avait accueilli tant de rencontres comme celles des Equipes populaires, de Vie Féminine, d’Église-Wallonie ou encore le rassemblement des communautés de base ou le 10e anniversaire de HLM. Comme on se plaît à le souligner à Namur, il s’était montré aussi un membre et secrétaire courageux du conseil presbytéral dans ses relations difficiles avec son évêque. Et retraité, il avait encore été durant quinze ans un collaborateur et secrétaire de rédaction très apprécié de cette voix libre que s'efforce d'être le mensuel ‘L'appel’. C’est là qu’on lui rend cet hommage pour ‘ses incessants combats en faveur d'une Église qui batte au rythme de son siècle et s'adapte à la modernité’. Il laissera le souvenir d’un homme plein de sagesse, de diplomatie, d’une grande ouverture et d’une remarquable écoute. Et si SONALUX perd un de ses piliers, encourageons-les à persévérer dans son esprit.
Pierre Collet (Hors-les-murs)
