liminaire
Pierre A. Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
Contentons-nous
d’épingler deux événements qui nous paraissent significatifs : le récent
« baromètre du religieux » des francophones de Belgique et la sortie
du pamphlet populiste et anti-musulman d’un de nos voisins hollandais.
Selon cette deuxième édition
du « Baromètre du religieux », dû à
l'initiative de La Libre, de Dimanche, de la RTBF, de Lumen
Vitae et de l'UCL, 43 % des Belges francophones se disent encore catholiques,
face à 17% d'athées.
Interprétation de Michel Konen : "Les résultats sont riches
d'enseignements. D'abord celui-ci : c'est dans les villes, plus que dans les
campagnes, que bouillonne l'avenir spirituel. Et la montée en puissance de
l'islam (12 % en Communauté française), mais aussi d'autres approches
religieuses ou mystiques telles le bouddhisme ou le protestantisme évangélique."
Et analyse de Charles Delhez, s.j. : "La dimension
religieuse reste importante dans notre société. (…) Dieu n'est pas mort même
s'il est quelque peu malade. Il se situe plus dans le registre du doute que de
la certitude." Mais "le
parcours est de plus en plus individuel, surtout du côté chrétien mais
l'attente demeure importante vis-à-vis des communautés. Mais qui transmettra
puisque chacun se contente de consommer de manière privée ? On cherche des
témoins, mais on ne cherche pas à l'être. La réalité pastorale confirme cette
question : on ne recrute plus les "permanents du spectacle". Il n'y a
plus que des "intermittents".
Et cet autre commentaire qui
voit la différence entre le christianisme et l’islam en
termes d’espérance et de certitude : "Une autre leçon intéressante du
Baromètre concerne les différences
entre l'islam et le christianisme... La foi-certitude des musulmans se
heurte à la foi-espérance des chrétiens : on construit très différemment
sa croyance. Du côté des valeurs, là où la foi et la spiritualité sont
centrales pour l'islam, les chrétiens renvoient à l'amour et à l'amitié. La
dimension relationnelle et de la quête de soi y prend une place prépondérante.
Ces valeurs de référence des chrétiens sont aussi mises en avant par les athées
et les agnostiques ainsi que par les croyants sans références précises... "
Alors, notre rencontre avec
l’islam, choc de civilisations ou richesse de la complémentarité ? La
sortie du film "Fitna" montre bien que cela dépendra toujours aussi
de chacun et de chacune… comme l’exprime bien Philippe de Briey.
A lire aussi l'analyse que fait
Felice Dasseto des surenchères entre extrémismes et leurs enjeux pour nos
vies en société (dans La Libre du mercredi 2 avril).
A-t-on assez souligné l’intérêt de la lettre de 138 dignitaires musulmans
au pape, fin 2007, appelant à un dialogue sur les questions théologiques et
éthiques ? Après
les réponses positives du PISAI
et du pape lui-même, on apprend qu’un premier séminaire du
"Forum catholique-musulman" aura lieu à Rome du 4 au 6
novembre : 24 dignitaires de chacune des deux religions
travailleront sur le thème "Amour de Dieu, amour du prochain" : ses "fondements théologiques et spirituels", puis "dignité humaine et respect
mutuel". Certains sont déjà sceptiques et pointent d'avance les difficultés théologiques. D'autres insistent sur le contentieux politique et social en lien avec le rapport du Forum économique mondial... Des raisons suffisantes pour préférer le statu quo...?
Pierre A. Collet (Réseau PAVÉS)