Comme des scribes et des pharisiens...
Lettre ouverte aux communautés chrétiennes
Gérard Fourez
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
Lors d’une soirée communautaire, nous
avons exprimé notre indignation et notre colère devant l'attitude de
l'archevêque de Récife (Brésil). Celui-ci, confronté à l’interruption volontaire
de grossesse d’une fille de neuf ans, violée par son beau-père, et dont la vie
était en danger, prononça l’excommunication de la mère de la fillette et celle
de l’équipe médicale qui l’avait prise en charge. Nous voulons parler à ce
propos. Ne rien dire serait lâche et inhumain, nous semble-t-il.
Ces derniers
temps, l'opinion publique a été secouée par des déclarations émanant d’organes
officiels de l'église catholique. Elles ont scandalisé bien des gens, dont
certains sont croyants, et d'autre pas. Les objets de ces déclarations vont
depuis la réintégration d'un évêque intégriste et négationniste, à
l'excommunication de ceux qui ont pris en charge la fillette brésilienne, en
passant par des jugements sur l'homosexualité et d'autres du même genre.
Ces
gens scandalisés – catholiques ou non - ont l'impression qu'une partie des
évêques ont de la peine à analyser ce qui se passe dans la société
contemporaine. Ces évêques – et, selon beaucoup, le pape est du nombre -
semblent avoir de la difficulté à accepter que l'église peut apprendre beaucoup
de la réflexion éthique de ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne.
Pourtant, dans l'église des débuts, il y eut une tension entre les apôtres
Pierre et Paul. Et c’est Paul - celui qui avait appris beaucoup en partageant
avec les païens - qui montra à l'église le chemin à suivre.
Les controverses
accompagnant l'avortement de la petite brésilienne peuvent faire penser à la
confrontation de Jésus avec ceux qui voulaient lapider la femme adultère,
racontée dans l'Évangile de Luc (même si les situations sont bien différentes).
Dans cet épisode, les scribes et les pharisiens amènent à Jésus une femme
surprise en adultère et ils la placent au milieu. Ils disent « Maître, cette
femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la loi, Moïse a
prescrit de lapider ces femmes-là. Toi, alors, que dis-tu ? Ainsi, selon le
récit évangélique, les scribes les pharisiens pressaient Jésus qui restait
silencieux. Finalement, Jésus dit : « Que celui qui n'a jamais péché jette la
première pierre ». Ceux qui étaient prêts à condamner la femme se retirèrent
alors un à un, en commençant par les plus âgés. Et, Jésus dit à la femme : « Où
sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? ». Elle répondit : « Personne ». Alors
Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. ».
Dans l'épisode de
l'avortement de la fille violée au Brésil, l'évêque de Recife a une attitude
bien différente de celle de Jésus. Il parle comme les scribes et les pharisiens
: « La doctrine de l'église dit que ceux qui pratiquent des avortements sont
excommuniés. ». Il procède donc à l’excommunication, sans montrer beaucoup de
compassion. On pourrait croire qu’aujourd'hui Jésus aurait dit : « Que celui
qui, en matière d’avortement, n'a jamais rencontré des situations inextricables
soit le premier à prononcer une excommunication ». Et l’on aurait vu les gens
s’en aller… en commençant par les plus âgés. Aujourd'hui, dans l'affaire
brésilienne, Jésus aurait sans doute déclaré : « Moi non plus, je ne
t'excommunie pas ». Et il aurait probablement ajouté : « Désormais, essaie de
mieux protéger tes enfants de leur beau-père ».
On peut ainsi se représenter
un Jésus compatissant, qui refuse de se laisser emprisonner par les
commandements d’une Loi ou par une doctrine officielle. Un christianisme plus à
la suite du Jésus de l'Évangile aurait sans doute mieux tenu compte des
sensibilités éthiques de nos contemporains, qui, croyants ou pas, sont
scandalisés -avec raison - par l’attitude de certains porte-paroles officiels de
l’église.
Gérard Fourez (Communautés de Base)
Notes :
Pour la communauté « Cauchy » à Namur, Belgique, Gérard
Fourez
Prof Gérard Fourez
Facultés Universitaires ND de la Paix (FUNDP) -
University of Namur - Faculté des sciences - Département: Sciences,
philosophies sociétés.
B5000 Namur (Belgique)
Privé : 2 blv Brunell, B5000
Namur (belgique)
Tel +32 81228762, GSM: +32 496536545, Skype:
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email : gerard.fourez@fundp.ac.be
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