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Le célibat des prêtres.

Pierre de Locht
Publié dans HLM n°88 (6/2002)

Après l'Ecran Témoin du 25 février 2002

Pierre de Locht

Excepté dans sa dernière partie, encombrée par la présence assez envahissante du responsable flamand de "Rent a priest" (association dont beaucoup d'auditeurs n'ont pas dû comprendre grand chose), l'Écran Témoin du lundi 25 février sur le célibat des prêtres fut d'un réel intérêt. Cette soirée a permis une confrontation, faite de respect et d'écoute, des perspectives diverses à ce sujet. Il est utile de présenter au grand public, dans un climat suffisamment serein, les arguments qui motivent les uns et les autres.

De l'ensemble se dégageait, me semble-t-il, même chez plusieurs de ceux qui se montraient favorables pour eux-mêmes au célibat des prêtres, une assez large adhésion à la liberté de choix. Mais il est apparu, cette fois encore, combien était fragile la justification d'un célibat imposé d'office à quiconque accède à la prêtrise.

Que le célibat réponde à un choix personnel, c'est parfaitement légitime. Mais tenter de donner des justifications générales et institutionnelles à une obligation imposée à tous conduit à des constructions idéologiques guère défendables, voire entièrement inacceptables.

Le sens et la valeur spécifique, pour ne pas dire supérieure, du célibat consacré tiendrait au fait qu'à travers les multiples renoncements que le célibat comporte, le prêtre, "en étant constamment confronté à sa mort, dit déjà quelque chose de la résurrection". De la sorte, témoin de l'espérance, et en solidarité avec de multiples formes de pauvreté, il rendrait particulièrement hommage à Dieu, anticipant les réalités futures.

Il faut être prisonnier d'une idéologie élaborée en vase clos pour ne pas se rendre compte à quel point la vie d'époux et de parents, même si elle est riche d'apports vivifiants, est marquée, elle aussi, de manière différente mais non moins grande, d'une confrontation combien constante et harcelante à sa propre mort. En tant que "célibataire consacré", se rend-on suffisamment compte de ce que représente, au-delà du renoncement quotidien qu'implique le partage total d'une vie en commun, l'angoisse devant les dangers qui menacent les siens, la prise en charge permanente, à longueur de vie, des difficultés et parfois des handicaps profonds d'un proche, la mort d'un enfant, la perte du conjoint...

Etablir des comparaisons, voire des hiérarchies, entre les états de vie, quant à la donation au Seigneur et aux valeurs d'espérance et de résurrection qu'ils comporteraient en eux-mêmes, est-ce défendable ? Le choix du célibat doit être personnel, il ne se justifie qu'à ce titre. Il n'est pas sain de vouloir y suppléer par des élaborations idéologiques, construites en vase clos. Mais comment échapper à une telle construction, lorsqu'on entend justifier la pleine liberté d'un choix obligatoire?

Pointe derrière tout cela l'idée très païenne de Dieu qui demande le sacrifice. Depuis toujours, les humains ont cru se concilier de la sorte la faveur des dieux. Tous les prophètes ont lutté, parfois avec véhémence comme Isaïe, contre une telle image de Dieu. Nulle part dans l'Évangile on ne voit Jésus dire à un malade ou un paralysé : "offre ton mal à Dieu", mais "lève-toi et marche"!

Est-il étonnant dès lors que, découvrant un jour l'appel d'une relation conjugale et parentale profonde et vivifiante, une telle construction idéologique ne fasse pas le poids. Relation qui, loin de faire obstacle (si ce n'est pour des raisons de discipline ecclésiastique) au ministère engagé, le rend au contraire plus profond et plus humain.

Déjà au synode romain de 1971, que j'ai vécu de près, traitant du célibat des prêtres, est apparue la vacuité des raisons évoquées, dans les sphères officielles, pour justifier le maintien de cette obligation.

Il est regrettable que, lors du débat à l'Écran Témoin, le représentant de la hiérarchie se soit engagé dans ce type d'argumentation. Mais est-il possible de faire autrement lorsque, vu la place qu'on occupe, il s'agit de défendre une exigence institutionnelle maintenue impérativement ? Et cela, en l'absence de toute enquête approfondie sur la réalité vécue, et de tout débat réellement ouvert quant à ses raisons d'être et quant aux désirs et besoins des communautés.

Pierre de Locht, le 28 février 2002

Pierre de Locht


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