liminaire
Pierre A. Collet
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
C’est
dans un climat morose, marqué encore par les révélations des abus sexuels
commis par des prêtres, et plus encore par celle de leur gestion calamiteuse
par nos évêques, que se sont déroulées ces fêtes de Pâques et qu’on a tenté
d’annoncer la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus… La lettre du pape aux Irlandais aura au moins eu le mérite
de libérer la parole de beaucoup de chrétiens. Comme le précise le communiqué
du mouvement Nous Sommes Église , « il est déplorable que le pape ne soit pas prêt à reconnaître la
responsabilité des structures ecclésiastiques et préfère imputer la faute à "un changement social très rapide" ou à "des façons de penser et de
considérer les réalités séculières". Quant au fait de mentionner une "lecture erronée" du concile Vatican II et son "programme de réforme" comme
une des causes de cette affaire, c’est tout simplement scandaleux. » Le
mouvement de réforme catholique considère « qu’une révision de
l’enseignement de l’Église en matière de sexualité est essentielle. Elle doit
inclure la question du célibat obligatoire dans l’Église latine. Même s’il
n’existe pas de relation de causalité univoque entre célibat obligatoire et
violence sexuelle, la loi du célibat obligatoire est une expression visible de
l’hostilité d’une Église masculine contre la sexualité et les femmes. »
Interpellés par les médias, les groupes de prêtres mariés
se sont exprimés à plusieurs reprises dans le même sens. Et l'une des meilleures analyses auxquelles renvoyer est peut-être bien celle de Noi Siamo Chiesa le 31 mars dernier : "il devient très urgent de rouvrir courageusement le débat sur les rapports entre autorité et pouvoir, entre baptisés et ministres ordonnés, entre sexualité et liberté..."
Heureusement quelques évêques, beaucoup trop rares, ont dérogé à la langue de bois : il nous plait de rappeler ici la remarquable interview qu’a donnée Albert Rouet au journal Le Monde.
Plus près de nous, la nomination d’André Léonard à la tête
de l’église de Belgique recommence à faire parler d’elle. Tant en ce qui
concerne sa propre nomination - "un choix personnel du pape", précise l’ancien nonce apostolique
– qu’à propos du premier changement qu’il vient d’opérer en déplaçant Joseph
De Kesel de Bruxelles vers le Brabant flamand, sans tenir compte de la moindre consultation ou du moindre souci de
démocratie. C’est vrai que c’était bien ce Mgr De Kesel que beaucoup
attendaient comme nouvel archevêque… Y a-t-il un lien ? Que deviendra la pastorale
de Bruxelles qu’il avait mise en place ? En tout cas, beaucoup de
chrétiens bruxellois paraissent désabusés. Et comment interpréter de manière
positive sa participation à la manifestation contre l’avortement ? Si, contrairement à une certaine presse ou à certains politiciens, il nous paraît évident que le débat peut et doit rester ouvert, ce n'est sans doute pas dans la rue et avec des slogans qu'on le fera avancer.
Il ne nous semble pas trop tard, dans ces circonstances, de
renvoyer encore à la lettre ouverte
que Pavés adressait à l’archevêque il y a un peu plus d’un mois…
Soit. Nous sommes maintenant dans le temps d'après Pâques. La question : est-ce que ça va continuer comme avant...?
Pierre A. Collet (Réseau PAVÉS)