Publications

Rechercher les articles
par mot du titre ou mot-clé :

présentés par :

année et n° (si revue):

auteur :

Des communautés indispensables!

Pierre Bastin
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues

Le théologien allemand Hans Küng vient de lancer une « Lettre ouverte aux évêques catholiques » (Le Monde du 17 avril 2010). Il l'intitule : «Une crise de confiance historique ».

« ... En ce cinquième anniversaire de l'intronisation du pape, je me tourne vers les évêques, préoccupé que je suis par le souci que nous donne notre Église en proie à la plus grande crise de crédibilité qu'elle ait connue depuis la Réforme » (16e siècle) . .. Pour ce qui est des grands défis de notre temps, son pontificat se présente comme celui des occasions manquées et non des occasions saisies :

- manqué le rapprochement avec les Églises protestantes,

- manqué l'accord durable avec les juifs,

- manqué le dialogue ouvert avec les musulmans,

- manquée la réconciliation avec les peuples autochtones colonisés d'Amérique latine : le pape prétend que ceux-ci auraient ardemment désiré adhérer à la religion de leurs conquérants !

- manquée l'opportunité de venir en aide aux peuples africains dans leur lutte contre la surpopulation par la contraception et l'autorisation des préservatifs pour lutter contre le sida !

- manquée l'occasion de faire la paix avec la science moderne par la reconnaissance de la théorie de l'évolution et par une tolérance nuancée pour les nouveaux domaines de recherche par exemple sur les cellules souches !

- manquée la chance de faire enfin de l'esprit de Vatican II la boussole de l'Église catholique et de faire avancer sa réforme ....

... Le pape Benoît XVI semble de plus en plus isolé de la grande majorité du peuple chrétien. Celui-ci, de son côté, se préoccupe de moins en moins de Rome et, dans le meilleur des cas, s'identifie aux communautés et aux évêques locaux.... » (Texte abrégé de la lettre de Hans Küng).

Le monde sécularisé d'Occident se préoccupe de moins en moins de Rome et dans sa toute grande majorité – dans nos pays plus de 70 % de la population – ne se préoccupe absolument plus de tout ce qui touche à l'Église officielle, les nominations, les déclarations, les interdits, ... leur désintérêt est total si on excepte les quelques pourcents d'inconditionnels de la hiérarchie qui n'ont presque plus de pouvoir dans la société. Les médias croient devoir annoncer des événements dits religieux comme s'ils voulaient ne pas perdre leur audience !

Et demain ?

Quelques orientations ou propositions se font jour dans ce qui fut autrefois la chrétienté. « Il faudrait un nouveau concile ! » disent certains. Mais, comme le dit très bien Olivier Legendre, l'auteur de la Confession d'un cardinal, les évêques d'aujourd'hui seraient bien peu une espérance de vrai changement. Voyez de qui serait composé ce concile ! Seuls les soumis, les « carpettes », sont choisis pour constituer un sénat de beni-oui-oui relayés par un très puissant et très organisé Opus Dei qui organise la claque comme des supporters au théâtre ou au cours d'un match.

Vraiment n'est-ce pas à la base que des choses peuvent provoquer un changement ? Or il y a des communautés de toutes sortes qui se constituent à la base : des communautés de religieux ou religieuses qui sont sorties des conventions courantes dans leur milieu, des communautés comme les nôtres ... malgré qu'elles se constituent plutôt difficilement et trop exclusivement dans un monde d'un certain âge. Pour cela, il faudrait qu'elles y croient ! Qu'elles croient qu'elles ne sont pas seulement des lieux où on se sent bien, où on respire un air de liberté mais qu'on y soit convaincu que des orientations de vie, relayées aujourd'hui à notre façon et demain d'une autre façon peut-être, elles pourront voir surgir un horizon nouveau... où d'autres pourront venir respirer un air frais, nouveau, vivifiant bien sûr. Ne soyons pas trop préoccupés de nous demander ce qui fera bouger des choses braqués sur ce qui a des chances de réussite extérieure. La plus grande chance de succès n'est-elle pas de faire et de vivre « du vrai », de l'humain, d'une inspiration d'humanité qui se cherche certainement mais qui devra toujours se chercher.

Un peu comme Vatican II qui a changé des choses et des mentalités parce qu'à la base du travail d'éminents théologiens (de Lubac, Congar, ...) et de tant de groupes de recherche. Tout ce monde a mûri lentement. Souvent décriés mais aussi parfois soutenus par quelques évêques qui, alors, étaient entrés dans des idées nouvelles.

Seuls des mouvements à la base ont la possibilité de susciter de la nouveauté.

Il faut donc résolument garder notre cap. Les religions comme religions ne sont pas dans la ligne du Jésus de l'Évangile. Lorsqu'il a eu des difficultés, c'était avec le Temple, la religion officielle de son époque. Aujourd'hui, un christianisme n'a de chance de « rencontrer » le monde d'Occident que s'il s'oriente résolument dans un sens de « non – religion » mais il a toutes ses chances dans la direction d'un Humanisme qui peut entre autres s'inspirer des sagesses de notre temps et de l'Évangile, source d'inspiration d'un humanisme évident. Dans cette ligne, on ne peut que recommander l'ouvrage de Burdelot : Devenir humain (Le Cerf), ouvrage fondamental et solide en même temps que prophétique en ces temps qui sont les nôtres.

De toute façon, dans nos communautés, il est essentiel de ne pas se sentir écrasé : nous sommes, plus que jamais, invités à « y croire ».

Jambes, juin 2010


Pierre Bastin (Communautés de Base)


webdesign bien à vous / © pavés. tous droits réservés / contact : info@paves-reseau.be

Chrétiens en Route, Communautés de base, Démocratie dans l'Eglise, Evangile sans frontières, Hors-les-murs HLM, Mouvement Chrétien pour la Paix MCP, Pavés Hainaut Occidental, Sonalux