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La Dominicusgemeente Amsterdam

Plus d’indépendance pour les communautés de croyants ?

Ko Bordens
Publié dans Bulletin PAVÉS n°24 (9/2010)

Le bâtiment où vous vous trouvez était bien différent il y a 46 ans, car tout était alors concentré sur l'autel. Et le nombre de paroissiens a diminué considérablement. Depuis lors jusqu’à aujourd’hui, il y a eu tout un chemin que je ne vais pas refaire avec vous, mais je voudrais essayer de réfléchir aux moments du processus qui valent la peine d’être rappelés. Car c’est clair pour nous, c’est encore là que se trouvent les sources d'inspiration et d'espoir qui nous font vivre.

Cela commence en 1964. Quand quatre dominicains s’installèrent ici, il n’y avait pas de politique préétablie ni de vision claire pour l'avenir. Ce qu’ils avaient bien l’intention de faire, c’était de traduire concrètement les acquis du concile Vatican II. Et il fallait étudier de nouveau les écritures. Ensuite ils ont laissé les choses évoluer et à chaque fois ils ont fait ce qu’ils ont cru devoir faire. Cette évolution est donc principalement une coïncidence de circonstances fortuites.

Trois ans plus tard, la chorale de Bernard Huijbers s’est proposée pour venir chanter ici. La condition fut qu'elle participe activement à la préparation de tous les offices. Cette pratique s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui : chaque jeudi, la célébration du dimanche est préparée avec tous ceux qui sont intéressés, y compris la prédication. Et un podium a été dressé au milieu de l'église à partir de l’idée que la liturgie se passe à la fois sur le podium et dans la salle.

La conséquence de tout ceci est que nous bénéficions de célébrations bien soignées et de qualité, que les nouveaux participants aiment prendre la parole, et que cette liberté reconnue a ouvert la voie vers la co-responsabilité. Cela a débouché sur une structure de direction, avec un conseil démocratiquement élu et compétent pour faire les nominations : il confie la liturgie à des professionnels et l'administration du bâtiment à un conseil de gestion. Il était inévitable que tout ceci cause des tensions et mette en évidence des obstacles.

La principale pierre d’achoppement a été le diocèse de Haarlem. À cause du mode d'administration démocratique choisi : c’est en effet l'évêque qui a le droit de nomination. Nous n’avons pas tenté d’éviter le contact, nous avons essayé de dialoguer. Et nous avons été autorisés à poursuivre pour une période expérimentale de cinq ans, afin de voir comment ceci se développerait. Le représentant de l'évêque l’a formulé ainsi : on met les règles ecclésiastiques entre parenthèses. Une commission de guidance, constituée d’un théologien (Edward Schillebeeckx), un liturgiste et un canoniste, évaluerait l'expérience.

Après cinq ans, cette évaluation conclut que la Dominicusgemeente cherche une voie plus libre et personnelle, différente de ce que le droit canon catholique prévoit et qu’on peut le comprendre… Elle se consacre à une tâche plus large de l’église et qui concerne de nouvelles formes de christianisme.

Mais après quelque temps, le diocèse fait savoir que l'évêque ne peut pas accepter notre évolution. Les vicaires généraux avec lesquels on continue de discuter sont convaincus qu'une plate-forme plus œcuménique pourrait créer un climat de liberté où la Dominicusgemeente trouverait sa propre voie de manière plus objective.

Soutenu par l'ordre des dominicains et la commission de guidance, un processus d’émancipation est lancé, dans lequel la Dominicusgemeente doit acquérir une personnalité juridique pour garder la structure d'administration actuelle. Un conseil élu détermine la politique, délègue l'exécution aux groupes et aux personnes et porte la responsabilité finale. L'église en tant que société financière est hébergée dans une fondation Dominicus qui devient propriétaire des biens immeubles. Cette opération est bien sûr préparée dans un petit groupe, mais ensuite soumise en plusieurs phases à la communauté et les décisions sont finalement acceptées à l'unanimité. Com-me la Fondation est un partenaire fiable pour le gouvernement, en l’occurrence la Conservation du Patrimoine, une subvention est également accordée pour restaurer l’église dans l'état actuel. Nous avons eu beaucoup de chance et nous savons bien que ce n’est pas le cas de  beaucoup d’autres communautés.

La Dominicusgemeente est peut-être un endroit magnifique, elle est aussi une communauté très simple avec tous les problèmes habituels entre le personnel rémunéré et les bénévoles, et où  il arrive de regarder de travers ceux qui occupent les fonctions de direction ou qui sont responsables de la liturgie, comme dans toute paroisse et communauté. Pour conclure, je voudrais enfin citer un certain nombre de tensions qui peuvent toujours surgir dans un processus d'autonomie.

Dès le début, la discussion a été ouverte sur le projet entre recherche et communauté. S’agissait-il de réussir des célébrations soignées de grande qualité, faisait-on suffisamment attention à la formation de la communauté ? Pour le dire autrement, s’agissait-il seulement de consommer, ou y avait-il aussi quelque chose du genre de l’engagement des uns envers les autres ? N’y avait-il que les professionnels, les théologiens et les artistes qui avaient leur mot à dire ?

En lien avec cela, l’opposition souvent faite entre un engagement politique, le combat pour une société plus juste, et l'attention pour l'intériorité. Entre l'action et la contemplation.

Une autre préoccupation est de ne pas laisser se développer la communauté comme une île. Tous les six mois, nous nous laissons interpeller sur nos actions par des personnes extérieures à la communauté, venues d'autres communautés, par des scientifiques et des liturgistes. Des partenaires.

La Dominicusgemeenste est aussi connue à Amsterdam pour ses portes ouvertes à Noël. Personne ne peut rester seul pour Noël. Il faut que quelque part dans la ville il y ait un lieu, un endroit chaleureux où on est le bienvenu et où on trouvera des gens accueillants, et si possible aussi un verre de vin et un divertissement.  

Depuis le début de cette année, nous essayons aussi de tendre la main d’une autre façon à l’Amsterdam profane, jeunes et vieux. Chaque premier lundi du mois, nous accueillons une soirée ‘sirènes’, une heure de témoignages, de cris du cœur, de silence, de messages de la société. Avec des poètes, des musiciens, des penseurs, des réalisateurs et des comédiens. Avec eux, nous essayons aussi de trouver un langage qui peut enrichir nos célébrations.

Ma conviction profonde, c’est qu’accepter de manière créative tout ce qui surgit dans un processus d'autonomie fournit le ciment pour bâtir de nouvelles communautés de foi.


Ko Bordens - Pays-Bas)

Notes :

L'auteur est le président de l'équipe liturgique de la Dominicusgemeente à Amsterdam.

traduit du néerlandais par Pierre Collet

www.marienburgvereniging.nl/upload/studiedagbordens.pdf 

Voir aussi autour de cette rencontre :

Un résumé de la communication de Rik Torfs

Quelques conseils pratiques



 



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