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Philippe Liesse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°27 (6/2011)

Il s’appelle Robert. Ancien employé du métro de New York, il a dépensé 140 000 dollars d’économies personnelles pour alimenter la campagne de publicité qui annonçait la fin du monde : « Judgment Day 21, Day of the Lord, The End ».

A l’origine, un homme, un prédicateur octogénaire, Harold Camping. Propriétaire de la chaine chrétienne « Family Radio Worldwide  (FRW) », il a déclaré sur CNN que le 21 mai 2011 serait le début de la fin. Un gigantesque tremblement de terre devait secouer la planète, suivi de l’Ascension au Paradis de 200 millions de croyants. Il s’ensuivrait un chaos indescriptible de 153 jours qui déboucherait sur la destruction définitive de la planète le 21 octobre 2011. Mais le 21 mai… les convoyeurs attendent !

Le 24 mai 2011, depuis son quartier général d'Oakland, le prédicateur a tenu une conférence de presse, comme le relate Associated Press : « Le monde sera entièrement détruit dans cinq mois quand viendra l'apocalypse » a-t-il déclaré. Selon lui, le 21 mai était bien le jour qui a placé le monde sous le jugement de Jésus Christ. En effet, cinq mois pour préparer le vrai Jugement dernier s’avèrent nécessaires, même pour le fils de Dieu.

Ce genre d’annonce n’aurait sans doute pas le même succès médiatique chez nous. Il n’empêche ! Si cette prophétie provoque sourires et haussements d’épaules, elle est sous-tendue par une théologie qui a la dent tenace : Dieu est le souverain tout puissant qui dicte sa loi. Ne dit-on pas « qu’il a plu au Seigneur de rappeler à lui son serviteur » ?

Harold Camping ne dit pas autre chose quand il justifie l’arrivée de la fin du monde comme la réponse de Dieu à la rébellion de l’humanité : « Dieu a créé les hommes pour le servir et lui obéir. Mais quand l’humanité s’oppose à lui, elle doit affronter la loi du Seigneur, la mort. » Certaines théologies ne véhiculent-elles pas l’idée que le sida, par exemple, serait comme une sorte de justice immanente ?

Sur le campement de la Puerta del Sol, les jeunes espagnols réclament aussi une fin de monde. Mais le monde dont il s’agit est celui de la « bonne santé de l’économie » qui a servi de paravent à toutes les difficultés dénoncées aujourd’hui : blocage des canaux traditionnels de transmission, corruption galopante dans la classe politique, dramatique expérience du déclassement pour la jeunesse. L’Espagne détient en effet le record d’Europe de surqualification : un diplômé universitaire est surqualifié par rapport à son emploi !

Contrairement à Harold Camping, les jeunes espagnols n’annoncent pas la fin du monde, mais ils attendent la fin d’un monde, ils réclament un meilleur avenir. Cette approche trouve un écho particulier dans une des balises théologiques proposées par Joseph Moingt : « On ne fait pas intervenir Dieu dans le monde. Dieu n’intervient dans le monde que par la communion des esprits. Il nous fait faire des choses. Il nous fait chercher des choses ensemble. »

C’est aussi notre balise, celle qui nourrit nos préoccupations au fil de ces pages, pour que naisse un autre visage d’Église et de Société.

Bonne route, quelles que soient vos escapades de vacances.

Philippe Liesse


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