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Partir. Célébrer la vie

Gisèle Vandercammen
Publié dans CEM n°128 (9/2020)

Le départ, pour eux, pour nous. Le Covid 19 n'est pas souvent mortel mais il nous pousse à nous exprimer à son sujet. Autant apprivoiser un peu la mort !

Partir

L’un s’en va en catimini, l’infirmier de nuit accomplit une dernière tournée – le thermomètre de 6h du matin – et trouve le corps inerte.

Un autre s’en est allé à côté de sa compagne endormie.

Elle est membre d’une communauté, se sent mal, va à l’hôpital, le médecin veut la retenir mais elle préfère rentrer chez elle, n’avertit même pas ses enfants. Habituée à la solitude, ainsi est-elle partie. 

Dans notre habitat groupé, je conduis à l’hôpital M. qui se sent très faible. Peu après, elle revient, elle n’a plus pu recevoir une transfusion, avertit un de ses fils qui vient la veiller. Réveillé par le râle, il prend la main de sa maman ; elle ouvre les yeux, sourit et expire. Bien avant, nous avions célébré avec elle le sacrement des malades : touchant moment ! Toute perdue dans son fauteuil et manquant d’air, entourée d’au moins une quarantaine de personnes. Humblement elle a entendu les témoignages, et participé à la célébration.

Un autre voisin, en soins palliatifs, nous a invité autour de son lit : il a choisi la musique, chacun peut s'exprimer paisiblement, or il était un tourmenté. La nuit suivante, sa fille le veille, dort quelques instants. Il en profite pour partir !

À chacun sa manière, à chacun son mystère.

Célébrer

Il faut bien préparer la célébration, oui, bien la préparer ! Franchement, si vous êtes inspirés pour votre enterrement, dites-le, écrivez votre désir, c’est tellement plus simple pour les vôtres. Dans CEM, nous gardons trace de tous les membres des communautés qui nous quittent, des témoignages entendus lors les célébrations ou en dehors.

Le deuil commence déjà au moment de la préparation de la célébration. J’ai assisté aux funérailles d’une dame décédée à la veille de son centenaire, plein de jeunes sont présents, les témoignages émouvants ; des témoins découvrent le micro tandis que le prêtre en a l’habitude, mais il en a profité pour faire une catéchèse… qui endormait son monde sauf ceux qui pestaient contre cet énoncé trop peu actualisé. J’ai compris, ce jour-là, qu’on ne peut attendre du prêtre qu’il entre dans la sensibilité d’une famille, ni qu’il fasse un énoncé du sens de la vie.

En cette période, les célébrations sont simplifiées, le nombre de participants réduit. Mais, dès que possible nous devrons célébrer tous ces départs comme nous le sentons, y joindre tous ces autres, disparus dans l’anonymat. Jésus, lui, nous a laissé un message, non pas la fondation d’une nouvelle religion, mais l’invitation à rendre dignité à toute vie humaine, à célébrer nos liens dans le temps et dans l’espace.

Toute vie est une histoire sacrée, une histoire d’amour.


Gisèle Vandercammen (Communautés de Base)


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