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Un concerto à trois voix !

Philippe Liesse
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Τrois fêtes se bousculent comme dans un mouchoir de poche! Trois fêtes en quelques heures : Réformation, Halloween, Toussaint!

Sont-elles contradictoires ou complémentaires ? Harmoniques ou discordantes ? Et si elles étaient les partitions de divers instruments pour une œuvre concertante ?

Premier mouvement : la fête de la Réformation  

Cette fête, le dernier dimanche d’octobre, remonte à 1617, date où le prince électeur du Palatinat, instaura une célébration qui devait faire mémoire de l'affichage, devenu déjà emblématique, des 95 thèses de Luther sur les indulgences le 31 octobre. Certains catholiques estiment qu’un tel anniversaire devrait plutôt commémorer le 10 décembre 1520, jour où le Réformateur brûla solennellement à Wittemberg la bulle pontificale condamnant 41 de ses thèses, exigeant sa rétractation et ordonnant de… brûler tous ses écrits.

On ne peut que se réjouir de ce que 1520 n'ait pas été retenu ; en effet, le mouvement réformateur ne se fonde pas sur un acte destructeur, mais sur une volonté de renouveau. La Réforme n’est pas d’abord rupture avec l’Église de Rome, mais bien, en profondeur, fidélité première à l’Évangile. Si rupture il y a eu, elle ne vint pas des Réformateurs, mais de Rome qui, d’ailleurs, excommuniera Luther le 3 janvier 1521. L’affichage du 31 octobre se voulait, lui, constructif. Il proclamait dans toute sa force évangélique et sa radicalité libératrice le message central de la grâce, de l’amour inconditionnel de Dieu. Qu'en retenir sinon que l'Eglise doit toujours vivre dans une dynamique de réforme interne pour être fidèle à sa mission !

Deuxième mouvement : Halloween

Le nom est d'origine anglaise. C'est une  abréviation de Allhallow-even qui signifie Eve of All Saints : la veille de la Toussaint. Halloween est donc fêté le 31 octobre.

En réalité, Halloween, c'est le réveillon de Samhain. On sait très peu de choses sur la religion des Celtes. À l'origine, ce que nous appelons Halloween se dit en gaélique Oíche Shamhna. C'est la Saint-Sylvestre celtique, le dernier jour de l'année ; le lendemain, c'est le jour de l'an : Samhain (ou Samhuinn en gaélique d'Écosse). Durant cette nuit qui clôturait l'année celtique, les esprits et autres fantômes pouvaient revenir et hanter les maisons des vivants... Halloween est fêté principalement en Irlande, au Canada, en Australie, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. La tradition la plus connue veut que les enfants se déguisent avec des costumes qui font peur (squelettes, sorcières, monstres, etc.) et aillent sonner aux portes en demandant aux adultes des bonbons, des fruits ou de l'argent avec la formule : Trick or treat! (Des bonbons ou un mauvais sort !) Le principal symbole de l'Halloween est la citrouille, remplacée quelquefois par un potiron, issu de la légende irlandaise de Jack-o'-lantern : on le découpe pour y dessiner, en creux, un visage, puis on place une bougie en son centre.

Pour Halloween, la mort est comme une danse, une farandole endiablée, une valse qui fait peur. Mais qui n'a pas peur de la mort ? Alors pourquoi ne pas l'exorciser en la chantant, en la jouant, en s'en déjouant à l'écoute de la parole du psalmiste : "Aucun mal ne t'atteindra, aucun malheur n'approchera de chez toi. Car le Seigneur donnera l'ordre à ses anges de te garder où que tu ailles."

Troisième mouvement : la Toussaint

Dès les débuts de l’Église, les Chrétiens ont célébré chaque année le jour anniversaire de la mort des différents martyrs. Au IVe siècle, l'Eglise d'Orient institua une fête pour célébrer tous les saints. Elle fut fixée au dimanche qui suit la Pentecôte, c’est-à-dire à la fin du temps pascal. Certaines Églises d’Occident emboîtèrent le pas et se mirent à célébrer, à cette même date, une fête des saints.

Mais, à Rome, à partir du début du VIe siècle, cette fête fut célébrée le 13 mai. En effet, en l’an 609, l’Empereur de Constantinople Phocas fit cadeau au pape Boniface IV du Panthéon, un temple païen, érigé à Rome au Ier siècle avant J.C. et reconstruit au IIe siècle après J.C. en l’honneur de "tous les dieux". Le pape y fit transporter des ossements de martyrs provenant des catacombes et, le 13 mai 609, il consacra ce monument qui devint ainsi une église dédiée à Sainte Marie aux Martyrs.

Tous les ans, le 13 mai, on célébrait l’anniversaire de la consécration de cette église. Les Chrétiens venaient très nombreux assister à cette fête en l’honneur des martyrs et de "tous les saints". En ce lieu, le culte de tous les saints avait symboliquement succédé au culte de tous les dieux.

Mais le ravitaillement des pèlerins était difficile car le 13 mai est éloigné du temps des moissons. Dès lors, l'Eglise de Rome postposa la fête en novembre, époque de l'année où les moissons remplissent les greniers. A partir du XVIe siècle, l’Église de Rome réglementant la liturgie pour toutes les Églises d’Occident, la fête de Toussaint fixée au 1er novembre devint une "fête d'obligation".

Au Moyen Âge, les moines prirent l'habitude de commémorer une fois l'an leurs frères défunts. La date variait selon les monastères. Saint Odilon, abbé de Cluny de 994 à 1049, fixa, pour son monastère, cette commémoraison au lendemain de la fête de la Toussaint, c’est-à-dire au 2 novembre : ainsi, après avoir fêté tous les saints, on priait le lendemain pour tous les défunts.

Cet usage du monastère de Cluny se répandit d’abord dans les Églises de Gaule et d’Angleterre, puis, au XIIe siècle, dans certains diocèses d’Italie. L’Église de Rome, elle-même, adopta au XIVe siècle cette fête du 2 novembre qui se répandit ensuite dans tout l’Occident.

Réformation, Halloween, Toussaint !

Et si on rêvait d'une citrouille qui illumine, qui rayonne, qui réchauffe, qui délivre de tout ce qui nous éloigne les uns des autres, qui donne envie de toujours creuser l'humain pour que chacun s'y sente à l'aise, même Dieu ?

 

Philippe Liesse


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